Difficile de rester de glace quand la Bourse plonge de plus de 10% en cinq jours, comme la semaine dernière. Sous le coup de l'émotion, bien des investisseurs ont été tentés de chambarder leur portefeuille.

Difficile de rester de glace quand la Bourse plonge de plus de 10% en cinq jours, comme la semaine dernière. Sous le coup de l'émotion, bien des investisseurs ont été tentés de chambarder leur portefeuille.

«Le pire ennemi de l'investisseur, c'est lui-même», dit Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee. La peur le fige quand il devrait acheter. L'euphorie l'empêche d'encaisser ses profits au bon moment.

C'est la nature humaine. Que faire? S'en remettre à l'ordinateur, diront les partisans de l'approche quantitative. Les chiffres, eux, n'ont pas d'émotion.

«L'ordinateur met les investisseurs à l'abri des erreurs de comportement», dit Jean-Luc Landry, président de la firme de gestion Landry Morin, qui offre à sa clientèle privée quatre fonds «momentum».

Le «momentum», c'est la théorie de l'élan. Les titres qui ont le mieux fait par le passé, vont rester en tête dans l'avenir. Mais quand le vent tourne, il faut s'en débarrasser au plus vite.

«Les compagnies changent plus vite que la perception des investisseurs», dit M. Landry. Prenez Bombardier: avant les attentats du 11 septembre, son titre vaut 20$. Rapidement, il tombe à 10$.

Mais sa glissade jusqu'à 2$ s'étire ensuite sur trois ans, alors que le titre aurait pu s'écraser en trois mois. La preuve que les investisseurs restent accrochés à leurs vieux chouchous.

À l'inverse, ils ne peuvent résister aux nouvelles modes. Fin des années 90, sommet de la bulle techno, le titre de America on Line (AOL) se négocie à 635 fois ses bénéfices par action!

«Si les investisseurs avaient laissé les chiffres discipliner leur opinion, ils auraient réalisé que pour maintenir cette évaluation, il aurait fallu qu'un sixième de la population mondiale s'abonne, année après année, au plein tarif!» note le gestionnaire américain James O'Shaughnessy, vedette du quantitatif.

Le modèle mathématique qu'il a élaboré, en scrutant quatre décennies de données financières, se fonde sur les ratios financiers des entreprises.

Il lui permet d'éviter la folie boursière et de cibler les sociétés sous-évaluées. C'est le style «valeur».

De nouveaux fonds quantitatifs

Au Canada, O'Shaughnessy est allié à la famille RBC. En 10 ans, les investisseurs ont pompé 6 milliards dans ses six fonds, en particulier dans le fonds valeur américaine qui a constamment surpassé l'indice de la Bourse américaine S&P500. Très peu de gestionnaires actifs réussissent cet exploit.

Pour fêter ses 10 ans, la famille RBC O'Shaugnessy vient de donner naissance à son petit dernier: le fonds croissance américaine II.

Le fonds ratissera un peu plus large que la première version du fonds qui a dû fermer ses portes aux nouveaux investisseurs, tout comme le fonds d'actions canadiennes, victimes en quelque sorte de leur succès.

D'ailleurs, le succès attire les curieux, surtout que James O'Shaughnessy a dévoilé tous les rouages de son modèle.

C'est le cas de la Banque Nationale qui a lancé, en novembre, deux fonds Omega reposant sur l'analyse quantitative. Ces fonds sont gérés par Valieda Capital Management.

La firme américaine s'est dit: «S'il est si difficile de battre l'indice, allons voir ceux qui ont réussi», raconte Vincent Boucher, directeur de produit à la Banque Nationale.

Validea a donc interprété et modélisé le style de gestion d'une quinzaine de gourous de l'investissement, comme O'Shaughnessy, Buffett et Lynch. À partir de leurs critères d'investissement, elle a mis au point son propre modèle.

Il y a deux semaines, les fonds AGF ont aussi lancé trois fonds quantitatifs. Ils seront gérés par la firme ontarienne Highstreet Asset Management, achetée à 80% par AGF en 2006.

Jusque-là, les produits de Highstreet étaient destinés à des caisses de retraite et des clients fortunés. Le style de gestion de la firme repose sur l'approche quantitative. Mais les gestionnaires ne se fient pas qu'à leur ordinateur. Ils ajustent leurs décisions en fonction de variables plus subjectives.

Autres nouveautés: en novembre, Pro-Financial Asset Management Pro a ajouté un cinquième fonds à sa gamme Pro-Hedge qui trace les indices RAFI (Research Affiliates Fundamental Index).

Contrairement aux indices boursiers conventionnels qui classent les entreprises par ordre de valeur boursière, les indices RAFI sélectionnent les plus grandes entreprises en fonction de quatre données financières: les revenus, les dividendes, les flux de trésorerie et la valeur comptable.

Cette formule permet d'esquiver les bulles boursières et de viser les sociétés sous-évaluées.

Hybrides entre l'indiciel et le quantitatif, les fonds Pro-Hedge ont de faibles frais de gestion (1,6% à 1,8%).

Mais il est possible d'acheter la même recette pour moins cher, en optant pour les fonds cotés en Bourse de la famille Claymore qui offre quatre «ETF fundamental» liés aux indices RAFI. Les frais de gestion sont d'à peine 0,65%