La rémunération des administrateurs des moyennes et grandes entreprises au Québec approche 60 000 $, révèle la première étude à avoir été réalisée sur les pratiques et tendances dans l'organisation et la rémunération des conseils d'administration de la province.

La rémunération des administrateurs des moyennes et grandes entreprises au Québec approche 60 000 $, révèle la première étude à avoir été réalisée sur les pratiques et tendances dans l'organisation et la rémunération des conseils d'administration de la province.

En 2006, la rémunération annuelle moyenne était de l'ordre de 59 591 $, comparativement à 45 831 $ en 2005, soit une augmentation de 23 %, indique l'analyse réalisée par l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP) et la firme de recrutement de cadres Spencer Stuart.

«Cette augmentation est attribuable au fait que les conseils d'administration travaillent de plus en plus fort et sont de plus en plus redevables, a expliqué le directeur général de l'IGOPP, Michel Nadeau. Ils ont l'obligation de performer, ce qui entraîne une plus grande charge de travail (pour les administrateurs).»

Cette rémunération inclut le montant forfaitaire annuel, en argent et actions, ainsi que le montant des jetons de présence. En comparaison, la rémunération moyenne des administrateurs ailleurs au Canada atteignait 118 026 $ en 2006, une progression de 15 % en un an.

L'étude inclut les 50 plus grandes entreprises québécoises inscrites en bourse, dont les revenus sont supérieurs à 500 M$.

Selon le document, la moyenne générale de la rémunération au Québec est gonflée en raison des honoraires plus élevés offerts par de grandes entreprises d'envergure internationale telles qu'Alcan, BCE, Bombardier, CAE et le CN, où la rémunération des administrateurs est d'un peu moins de 90 000 $.

La médiane, qui reflète mieux le montant versé par un grand nombre d'entreprises de petite taille au Québec, se situe à 43 731 $.

De même, les honoraires moyens des présidents du conseil se sont élevés à 187 794 $ au Québec en 2006, soit 100 000 $ de moins que les 286 179 $ empochés par les présidents ailleurs au Canada. La rémunération médiane des présidents québécois se chiffre à 155 000 $.

«À taille égale, on paye moins bien au Québec qu'au Canada ou aux Etats-Unis», a dit Michel Nadeau.

L'étude révèle aussi qu'en moyenne, le conseil d'administration d'une entreprise québécoise compte 11 membres (le plus petit est celui de la firme de sécurité Garda, qui en compte cinq, et le plus gros celui de Power Corporation du Canada, qui en compte 17), que l'âge moyen des administrateurs est de 60 ans et que dans 63 % des entreprises, le poste de président du conseil est occupé par une personne différente du président et chef de la direction.

Toutefois, seulement 13 % des sièges sont occupés par des femmes, une proportion comparable à ce que l'on retrouve ailleurs au Canada ou aux Etats-Unis.

«Beaucoup de conseils d'administration exigent que le candidat ait déjà été chef d'entreprise, et il y a encore peu de femmes qui ont réussi à gravir cet échelon», a révélé Robert Nadeau, associé directeur chez Spencer Stuart, pour expliquer cette faible représentation féminine.

Le recrutement de nouveaux candidats pourrait par ailleurs devenir de plus en plus problématique, ont prévenu les deux hommes, en raison de l'augmentation de la charge de travail et des responsabilités que doivent supporter les administrateurs.

«Les conseils d'administration sont de plus en plus imputables, a dit Michel Nadeau. Plusieurs candidats refusent des postes en disant que ça risque de leur créer trop de problèmes. On le voit avec l'affaire Hollinger: si tu dis au juge que tu as lu les documents en diagonale, tu vas te faire répondre que tu n'as pas été payé en diagonale.»