Le programme européen SAFEE, qui réunit les principaux acteurs de l'aéronautique du continent, doit permettre d'équiper les avions de ligne à l'horizon 2010-15 de nouveaux équipements de sécurité visant à éviter que "le 11-Septembre ne se reproduise", selon le coordinateur du projet, Daniel Gaultier.

Le programme européen SAFEE, qui réunit les principaux acteurs de l'aéronautique du continent, doit permettre d'équiper les avions de ligne à l'horizon 2010-15 de nouveaux équipements de sécurité visant à éviter que "le 11-Septembre ne se reproduise", selon le coordinateur du projet, Daniel Gaultier.

Micros et caméras qui observeront les passagers en cabine, reconnaissance numérique d'iris ou d'empreinte pour accéder au cockpit, système d'évitement permettant d'empêcher une collision avec un bâtiment, tels sont quelques-uns des volets du projet SAFEE (Security of Aircraft in the Future European Environment), qui vise à contrecarrer toute tentative de détournement en vol.

Le contrôle des commandes de l'appareil depuis le sol, pourtant régulièrement évoqué, ne figure pas parmi les innovations de SAFEE.

"Le système de guidage par le sol, c'est du futurisme, entre guillemets", affirme M. Gaultier, directeur de programme chez Sagem Défense Sécurité (filiale du groupe Safran), qui évoque "d'énormes difficultés de réglementation et de sécurisation de la liaison".

Lancé en 2004 par la Commission européenne, SAFEE lie 31 sociétés du secteur, dont Airbus, BAE Systems, Thales, Sagem et NLR qui sont chargées chacune des cinq principaux volets.

Les premiers essais du "système de détection de menace" élaboré par Airbus, qui fournit au pilote des informations sur l'éventuel comportement suspect d'un passager grâce à des caméras et des micros, ont eu lieu en août à Hambourg. Une véritable simulation aura lieu en janvier 2008.

De son côté, Thales met au point le système anti-collision et procèdera aux premiers essais en juin 2007, selon M. Gaultier

Le néerlandais NLR travaille à un système d'identification biométrique qui permettrait aux seuls membres d'équipage d'entrer dans le cockpit, après reconnaissance de leurs empreintes. Des essais sont prévus en août 2007 à Amsterdam. Sagem traite, pour sa part, le volet de la sécurisation des données, notamment entre le cockpit et la tour de contrôle.

La mise en place de ses innovations aurait-elle pu permettre d'éviter la collision de trois avions avec des bâtiments le 11 septembre 2001 ? "Nous travaillons effectivement sur ce scénario", confie M. Gaultier.

Le budget de SAFEE atteint 36 millions d'euros, dont 19 pris en charge par la Commission européenne. En février 2008, les cinq parties du projet donneront lieu à une démonstration, "pour montrer que cela fonctionne", explique Marco Brusati, en charge du projet à la Commission européenne.

Un nouveau contrat de sept ans devrait alors être signé de manière à mener le développement à terme. "Il n'y aura pas de produits sur le marché avant 2010. L'ensemble pourrait être disponible sur des avions en service aux alentours de 2015", prévoit M. Brusati.

La mise en service de ces appareillages pose plusieurs problèmes, dont celui des libertés individuelles. Filmer des passagers à bord, enregistrer leurs conversations ne pourra se faire que dans un cadre légal très strict. "C'est possible, pour peu que l'on détruise les enregistrements à l'arrivée du vol", précise M. Gaultier.

"L'approche des Américains en la matière n'est pas la nôtre. Nous prendrons en compte la perception des passagers. Il faut savoir où se situent les limites en matière de sécurité car le risque zéro n'existe pas", estime M. Brusati.

L'autre pierre d'achoppement est évidemment le coût "exorbitant" qu'entraînerait l'adaptation de ces systèmes sur les appareils existants, relève M. Gaultier. "Il vaut sans doute mieux envisager de les intégrer à la nouvelle génération d'appareils".

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