La Banque du Canada a rendu son verdict mardi: les Canadiens se retrouvent avec une hausse des taux d'intérêt. Mais le réveil sera moins brutal que prévu.

La Banque du Canada a rendu son verdict mardi: les Canadiens se retrouvent avec une hausse des taux d'intérêt. Mais le réveil sera moins brutal que prévu.

«Les marchés ont déjà anticipé deux nouvelles hausses de taux, dont celle de mardi. Les taux hypothécaires ont déjà été ajustés en conséquence», dit François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins, qui concède cependant que les taux d'intérêt à court terme - fort populaires auprès des consommateurs - devraient subir une légère hausse.

L'économiste en chef du Mouvement Desjardins ne croit pas que la hausse du taux directeur de la Banque du Canada ne freinera la consommation au pays.

«La Banque du Canada ne veut pas étouffer l'économie, dit M. Dupuis. Et comme les taux d'intérêt sont faibles, une hausse de taux n'est pas un facteur pour la plupart des consommateurs.»

L'industrie automobile, qui vit grâce aux prêts à la consommation, n'est pas inquiète de la décision de la Banque du Canada.

«Si j'étais dans une autre industrie, je ne dis pas. Mais pas dans l'automobile», dit Martin Bourassa, président sortant de la Corporation des concessionnaires d'automobiles de Montréal.

«Nous sommes dans un autre univers, poursuit M. Bourassa. Nous sommes subventionnés par les manufacturiers. Ce sont eux qui absorbent les hausses de taux. À long terme, la hausse des taux aura sûrement un impact. Mais pas à court terme. La plupart de nos taux étaient d'ailleurs en baisse la semaine dernière. Et nos modèles 2007 seront bientôt en liquidation. Les constructeurs devront alors être plus agressifs, notamment avec leur taux de financement.»

Le marché immobilier croit aussi être à l'abri d'une hausse des taux d'intérêt.

«Il n'y aura pas de conséquences à court terme, dit Steve Demers, économiste en chef de l'APCHQ, qui représente 14 000 entreprises dans le secteur de la construction. Le marché avait déjà anticipé les hausses de taux d'intérêt. De toutes façons, il y a un repli dans le marché immobilier. On bâtira 46 000 unités cette année alors qu'il n'y aura que 35 800 nouveaux ménages. Heureusement, le marché du travail est suffisamment fort pour ralentir le repli et contrebalancer la hausse des taux d'intérêt.»

M. Demers fait aussi remarquer que la Banque du Canada n'a plus la même poigne qu'autrefois sur l'économie canadienne.

«Une hausse de 1 % de la Banque du Canada n'équivaut plus à une hausse de 1 % des prêts hypothécaires, dit-il. Dans les années 90, le gouvernement fédéral empruntait beaucoup pour financer ses déficits. Depuis que le gouvernement ne fait plus de déficits, la demande pour emprunter est moins grande mais les institutions financières ont toujours autant d'argent à prêter. C'est pourquoi le mécanisme de transmission de la hausse des taux d'intérêt est moins rapide qu'auparavant. Un pour cent n'égale plus 1 %. Ou du moins, pas aussi rapidement qu'avant.»