Dix-sept petits investisseurs floués par des dirigeants de la société Digital World Financial (DWF) passeront un Noël plus joyeux cette année.

Dix-sept petits investisseurs floués par des dirigeants de la société Digital World Financial (DWF) passeront un Noël plus joyeux cette année.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) a fait savoir mercredi que son fonds d'indemnisation versera aux investisseurs québécois le capital qu'ils ont investi dans des certificats de placement garantis de DWF, soit plus de 626 000 $, au début de janvier 2007, mettant fin ainsi à près de trois ans de démarches et d'inquiétude.

Dale Clark, employés de Bombardier qui cherchait à récupérer un placement de 15 000 $ au nom de son frère, un handicapé intellectuel qui ne gagne que le salaire minimum, s'est réjoui.

«Je suis bien content, c'est un beau cadeau de Noël pour mon frère», s'est-il exclamé.

Pierre Montreuil, retraité qui remuait ciel et terre pour récupérer un placement de 100 000 $, s'est quand même montré prudent. «C'est une bonne nouvelle, mais je ne vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir entre les mains, a-t-il déclaré.Mais une fois le chèque reçu à la banque, la bouteille de champagne va s'ouvrir.»

Le porte-parole de l'AMF, Frédéric Alberro, a indiqué mercredi que l'autorité entendait entamer des procédures contre les «personnes jugées responsables» à un moment opportun. Il n'a toutefois pas voulu identifier ces personnes.

M. Montreuil a indiqué qu'il était prêt à collaborer avec l'AMF pour l'aider à coincer les responsables le plus rapidement possible.

«Je me suis fait flouer par ce monde-là, a-t-il déclaré. S'ils ne se font pas arrêter, je sais que d'autres se feront flouer.»

M. Montreuil avait acheté un certificat de placement garanti de la société torontoise DWF qui lui avait été proposé par Bill Wishnousky. Ce dernier était représentant des Services financiers Diversifolio, puis des Services financiers iForum, avant de s'identifier, en 2003, comme vice-président aux services corporatifs de DWF. La société DWF était dirigée par Joseph Lacroix.

M. Montreuil avait eu de la difficulté à toucher les intérêts de son placement en 2003, mais M. Wishnouski avait attribué ce retard à des pannes d'ordinateurs. M. Montreuil a commencé à s'inquiéter sérieusement lorsque la situation s'est répétée en 2004. Il a alors demandé à se faire rembourser ce certificat, qui était censé être remboursable en tout temps. Sans succès.

De son côté, M. Clark a réussi de peine et de misère en 2003 à récupérer un placement de 10 000 $ effectué par sa mère. Mais il s'est heurté à un mur lorsqu'il a cherché à récupérer le placement de son frère.

Les institutions de réglementation financière du Canada sont sur la piste de DWF depuis plusieurs années.

Dès juillet 2001, le bureau du surintendant des institutions financières du Canada a émis un avis mettant la population en garde contre DWF parce qu'il ne s'agissait pas d'une institution de dépôt autorisée.

En février 2002, la Commission des valeurs mobilières de la Saskatchewan avait ordonnée à DWF ainsi qu'à Joseph Lacroix et Bill Wishnousky de cesser d'offrir des placements dans cette province. Le Surintendant des services financiers de l'Ontario a suivi en novembre 2004, et l'AMF en février 2005.

En octobre 2005, un tribunal ontarien a imposé une amende de 50000$ à Joseph Lacroix et lui a ordonné de verser environ 2,2 millions de dollars à une trentaine d'investisseurs du Québec et de l'Ontario.

M. Montreuil a indiqué hier qu'il n'avait toujours rien reçu.