L'effondrement des prêteurs hypothécaires américains crée un effet domino. C'est que le risque de crédit a été dispersé à travers la planète, à l'aide de produits financiers structurés, comme des dérivés de crédit et des produits de la titrisation.

L'effondrement des prêteurs hypothécaires américains crée un effet domino. C'est que le risque de crédit a été dispersé à travers la planète, à l'aide de produits financiers structurés, comme des dérivés de crédit et des produits de la titrisation.

«Cela permet de décomposer les risques, de les regrouper, puis de les transférer de manière efficiente à d'autres participants», écrit William Barker, dans un dossier publié en juin par la Banque du Canada. Mais il nuance: ces produits peuvent être très complexes, difficiles à évaluer correctement, peu liquides et opaques.

Leur valeur repose beaucoup sur la cote accordée par les agences d'évaluation de crédit dont la crédibilité est aujourd'hui mise en doute.

«Les investisseurs ne sont plus certains si les modèles utilisés pour évaluer ces instruments sont corrects», note Richard Kelly, économiste au Groupe financier Banque TD.

Les agences ont étiré l'élastique au maximum, considère Michel Bourque, gestionnaire chez Addenda Capital. Il souligne que ce sont les promoteurs de ces produits financiers qui paient les agences pour qu'elles accordent une cote de crédit, une situation potentiellement conflictuelle.

À l'heure actuelle, les investisseurs réalisent non seulement que le risque a peut-être été mal été évalué, mais aussi qu'il a parfois été concentré et amplifié.

«La crise du crédit est intensifiée par la croissance explosive récente d'institutions financières lourdement endettées comme les fonds de couverture peu réglementés qui gèrent maintenant 1700 milliards d'actifs, comparativement à 300 milliards il y a cinq ans», note Clément Gignac, stratège à la Financière Banque Nationale.

Pour amplifier leur rendement, certains fonds de couverture ont emprunté pour investir dans des produits financiers fondés sur des hypothèques à risque. Or, un tel effet de levier accentue aussi leur risque.

C'est ainsi que la semaine dernière, la plus importante banque française, BNP Paribas, a gelé trois fonds spéculatifs, ne pouvant plus en évaluer la valeur. Et aux États-Unis, Bear Stearns a fermé deux fonds spéculatifs après avoir subi des pertes de 1,6 milliard US.

Pour éviter une crise de liquidités, la Banque centrale européenne (BCE) a dû injecter des liquidités dans le système financier, du jamais vu depuis les attentats du 11 septembre. Les banques centrales à travers le monde, incluant la Réserve fédérale et la Banque du Canada, ont emboîté le pas.

Mais ce n'était pas suffisant pour rassurer les Bourses qui ont dégringolé de presque 10% depuis leur sommet de la mi-juillet.

Et la poussière n'est pas encore entièrement retombée.

«Il faudra un certain temps avant que l'effet complet des excès du marché subprime en 2006 et au cours des années précédentes, fasse son chemin à travers les marchés financiers», prédit Mme Cooper.

«Avec les pires prêts hypothécaires émis au début de 2006, qui seront renouvelés au cours de la première moitié de 2008, on verra d'autres fonds spéculatifs et d'autres petits prêteurs hypothécaires tomber. Les investisseurs feront face à d'autres radiations sur des titres reliés à des prêts subprime et des Alt-A», dit-elle.