L'entreprise montréalaise Astral Media est pressentie parmi les acheteurs d'Alliance Atlantis (T.AAC.B), une société de télévision et de cinéma de Toronto qui a confirmé sa mise en vente, hier (mercredi).

L'entreprise montréalaise Astral Media est pressentie parmi les acheteurs d'Alliance Atlantis [[|ticker sym='T.AAC.B'|]], une société de télévision et de cinéma de Toronto qui a confirmé sa mise en vente, hier (mercredi).

Astral serait particulièrement intéressée par ses 13 chaînes de télévision spécialisées, qui pourraient combler les ambitions d'Astral au Canada anglais, suggèrent des analystes.

Les dirigeants d'Astral avaient d'ailleurs réitéré ces ambitions lors de leur assemblée d'actionnaires, il y a deux semaines.

Et l'été dernier, Astral a été parmi les finalistes au rachat du diffuseur torontois CHUM (télé, radio), remporté finalement par Bell Globemedia pour 1,6 milliard.

Mais mercredi, après l'annonce d'Alliance Atlantis, les dirigeants d'Astral préféraient la discrétion.

«Nous ne commentons pas les rumeurs de transaction. Au mieux, nous répétons que nous avons sûrement le désir de croître hors du Québec», a indiqué Alain Bergeron, vice-président et porte-parole d'Astral Media.

N'empêche, les analystes du secteur des médias l'ont à l'oeil, pour une transaction qu'ils anticipent à près de 1,5 milliard de dollars.

«Les occasions d'acheter un groupe de chaînes de télé spécialisée comme celui d'Alliance Atlantis sont rares. C'est pourquoi les autres meneurs de ce marché, en particulier Astral Media, mais aussi Corus Entertainment, seront les plus intéressés à cette transaction», selon Robert Bek, analyste chez Marchés mondiaux CIBC, à Toronto.

Avis semblable de la part de Carl Bayard, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins à Montréal, dans un commentaire à ses clients: «Astral et Corus vont sûrement considérer avec intérêt ces actifs de télévision spécialisée d'Alliance Atlantis», indique-t-il.

Quant à la valeur d'une transaction pour Alliance Atlantis, ça se complique un peu, constatent les analystes. Car, à ce moment-ci, la possibilité d'une vente en morceaux de l'entreprise semble aussi forte que celle d'une vente en un bloc.

«L'annonce d'une recherche d'acquéreurs pourrait signifier qu'Alliance Atlantis a déjà été approchée par une ou plusieurs entreprises de médias», selon Randal Rudniski, analyste chez Credit Suisse.

En tout cas, les investisseurs boursiers ont réagi vivement mercredi. Ils ont poussé les actions d'Alliance Atlantis (catégorie B) en hausse de 15 % à la Bourse de Toronto, à un prix record de 49$.

Selon les estimations d'analystes, une vente totale d'Alliance Atlantis, si elle s'avère, pourrait valoir près de 2,3 milliard, soit près de 55 $ par action.

Outre les chaînes de télévision spécialisée, Alliance Atlantis comprend deux actifs majeurs: une participation de 50% dans les séries télévisuelles CSI (enquêtes criminelles), un gros succès en Amérique du Nord qui s'étend outremer, ainsi que 49% d'un important distributeur de films, Movie Distribution Income Fund.

Cette fiducie de revenu est inscrite séparément à la Bourse de Toronto. Elle est connue des cinéphiles québécois par sa filiale Alliance Atlantis Vivafilm, qui a récemment été derrière le succès de promotion et de distribution du film Bon Cop Bad Cop, le film québécois le plus payant de l'histoire au box-office canadien.

Or, malgré la recherche d'acquéreurs confirmée hier par Alliance Atlantis, son affilié de distribution de film a déjà fait l'objet de négociations séparées de vente au cours des derniers mois.

Ces négociations ont été déclenchées par une offre-surprise de 414 millions faite en août dernier par un fonds d'investissement de Londres, Marwyn Investment Management.

Par ailleurs, l'autre gros actif d'Alliance Atlantis, sa participation dans les séries télévisuelles CSI, pourrait provoquer de vives enchères parmi des télédiffuseurs étrangers.

En tête de liste, le réseau américain CBS, souligne l'analyste Robert Bek, de Marchés mondiaux CIBC.

Le réseau CBS est déjà le diffuseur principal ainsi que le copropriétaire de CSI. Et selon M. Bek, il n'aurait pas intérêt à ce que des diffuseurs concurrents aient accès aux données financières des séries CSI, réputées très rentables.

Pour le moment, les analystes évaluent autour de 700 millions CAN la valeur de la participation d'Alliance Atlantis dans les trois séries CSI: Miami, New York et Las Vegas.