Après trois années de bénéfices records, le meilleur pourrait déjà être chose du passé sur Wall Street.

Après trois années de bénéfices records, le meilleur pourrait déjà être chose du passé sur Wall Street.

Il sera en effet difficile pour Goldman Sachs Group, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Bear Stearns d'égaler en 2007 les profits dégagés cette année alors que la croissance économique présente son taux le plus faible en un an et que l'Europe et le Japon sont aux prises avec une hausse des taux d'intérêt.

Les compagnies doivent aussi composer avec une diminution des transactions des actions de l'indice Standard & Poor's 500, une chute de 15% des ventes de produits dérivés sur hypothèques et les inquiétudes soulevées par les montants records de dettes utilisées pour financer les rachats.

«Il sera de plus en plus difficile pour ces firmes d'obtenir le même taux de croissance», soutient Frederick Lane, président et PDG de la banque d'investissement Lane, Barry & Co., de Boston, et ancien coresponsable des fusions et acquisitions chez Donaldson, Lufkin & Jenrette, qui fait maintenant partie de Credit Suisse Group.

Goldman Sachs Group, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Bear Stearns annonceront probablement un bond important de leurs bénéfices nets combinés cette année, selon des analystes compilées par Bloomberg.

Toutefois, les profits de ces cinq grandes entreprises de New York pourraient reculer de 0,1% en 2007, ce qui serait la première baisse en six ans. Les analystes ont sous-estimé les bénéfices au cours des cinq derniers trimestres.

«Les arbres ne poussent pas dans le ciel», lance Brad Hintz, analyste de Sanford C. Bernstein & Co., de New York, qui a été directeur financier de Lehman Brothers de 1996 à 1998.

«Nous pouvons tous deviner comment cela se terminera, ajoute-t-il. Mais nous ne pouvons tout simplement prédire quand cela se produira.»

Guy Moszkowski, de Merrill Lynch, classé meilleur analyste de l'industrie du courtage aux États-Unis par le magazine Institutional Investor, estime pour sa part que les bénéfices combinés de Goldman Sachs Group, Morgan Stanley, Lehman Brothers et Bear Stearns baisseront de 5,8% en 2007. Les revenus accuseront une diminution d'à peu près 2% comparativement à un bond de 31% cette année.

Les revenus de transactions, qui représentent environ la moitié du total des firmes, baisseront de 3,7% l'an prochain, selon M. Moszkowski. Celui-ci ajoute que les revenus tirés des activités de banques d'affaires, y compris la prise ferme de valeurs et les conseils prodigués lors de fusions, augmenteront probablement de 7,8%. La gestion de patrimoine progressera de 11%.

Les patrons des banques d'affaires, y compris Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs Group, soutiennent que leurs négociants prospèrent grâce aux fluctuations des prix.

La volatilité des obligations du Trésor américain a baissé cette année à son niveau le plus bas en cinq ans et elle est à son niveau le plus bas en une décennie en ce qui concerne les actions américaines, ce qui réduit les occasions pour les firmes de dégager des profits lors d'opérations de couverture et de transactions pour leurs clients et elles-mêmes.

Le volume de transactions des actions du Standard & Poor's 500 a baissé au cours de chacun des trois derniers mois par rapport à la période correspondante l'an dernier.

En ce qui concerne l'économie américaine, elle a connu un essor de 2,2% en taux annuel au troisième trimestre, comparativement à 2,6% au deuxième trimestre. C'est la baisse des mises en chantier qui a rogné le plus le taux de croissance en près de 25 ans.

Toute réduction des bénéfices de l'industrie du courtage ne se produira probablement pas avant le troisième trimestre de l'an prochain, selon les estimations des analystes. Elle sera compensée en partie par une accumulation de demande de placements initiaux et de conseils de fusions, deux des secteurs les plus rentables pour les maisons de courtage, en particulier en Europe et en Asie.

«Les fusions et acquisitions, le marché des actions, et les marchés du crédit demeurent tous vigoureux et réceptifs, et ils sont alimentés par des liquidités massives», écrivait M. Moszkowski dans un rapport du 17 novembre dernier.