Les dirigeants de la Réserve fédérale américaine (Fed) pourraient conserver les taux d'intérêt inchangés cette semaine, se positionnant ainsi pour une réduction des taux plus considérable plus tard cette année si l'économie continue de perdre de son élan.

Les dirigeants de la Réserve fédérale américaine (Fed) pourraient conserver les taux d'intérêt inchangés cette semaine, se positionnant ainsi pour une réduction des taux plus considérable plus tard cette année si l'économie continue de perdre de son élan.

«La Fed est souvent quelque peu en retard lorsque ces points tournants arrivent», soutient J. Alfred Broaddus Jr, qui a été président de la Fed de Richmond de 1993 à 2004.

«La répugnance à un desserrement une fois que la prévention contre l'inflation est en place est peut-être tout juste un fait de la vie lorsque vous vous souciez de votre crédibilité», ajoute-t-il.

Le président de la Fed, Ben S. Bernanke, et ses collègues du Federal Open Market Committee (FOMC) se réunissent aujourd'hui et demain et ils discuteront presque certainement de leur inclination en faveur de taux d'intérêt plus corsés.

Ils pourraient aussi raffermir leur formulation lorsqu'ils souligneront leurs inquiétudes à propos de l'affaiblissement des conditions économiques, soutiennent des économistes. Cette position leur permettrait de hausser les attentes quant à un changement de leur perspective touchant les taux si l'économie se détériore plus que prévu.

La Fed sera réticente à aller plus loin parce que M. Bernanke et au moins six autres membres du FOMC ont indiqué publiquement qu'ils souhaitent que l'inflation ralentisse à un taux entre 1 % et 2 %. La Fed n'a pas atteint cet objectif depuis mars 2004, soit presque deux ans avant que M. Bernanke devienne président de la Fed.

«Il y a de nouveaux acteurs à la Fed», explique Paul Kasriel, directeur de la recherche économique de Northern Securities, à Chicago.

«Ce comité doit faire preuve d'une très grande prudence à propos de sa crédibilité», ajoute-t-il.

Le prix à payer pour défendre cette position de la Fed est susceptible de provoquer un ralentissement encore plus marqué de l'économie cette année, une situation qui obligera la banque centrale américaine à desserrer le crédit davantage qu'elle ne l'aurait fait autrement, croit Dominic Konstam, responsable de la stratégie touchant les taux d'intérêt chez Credit Suisse Holdings, à New York.

«Plus longtemps la Fed conserve une attitude attentiste, dit-il, plus il est probable qu'elle devra abaisser les taux et de manière plus considérable plus tard.»

Par ailleurs, certains observateurs de la Fed font l'hypothèse que la position de la banque centrale concernant l'inflation pourrait changer rapidement si sa prévision interne faisait état d'un ralentissement marqué de la croissance et de l'inflation.

Bien que sa prévision demeure un secret, peu de choses donnent à penser que la Fed change ses vues selon lesquelles l'inflation demeure la principale menace. Des indicateurs économiques diffusés dans le public montrent que les pressions inflationnistes demeurent alors que les signes de faiblesse économiques ne sont pas légion.

L'indice des prix à la consommation moins les aliments et l'énergie a crû de 2,7 % au cours des 12 mois terminés en février dernier, indiquait le département américain de la Main-d'oeuvre la semaine dernière. Cette hausse est supérieure à l'objectif visé par la Fed.

Les prévisionnistes, y compris ceux de la Fed, ne sont pas très bons pour prédire les tournants de l'économie. Une raison: la richesse en actifs et le crédit jouent un rôle de plus en plus important dans les dépenses et les conditions peuvent changer du jour au lendemain. Les prix des actions peuvent grimper et chuter rapidement, et la disponibilité du crédit peut se tarir en quelques jours.