La Commission européenne a menacé mardi les constructeurs automobiles de leur imposer une réglementation pour réduire les émissions de CO2 des voitures, jugeant leurs efforts insuffisants.

La Commission européenne a menacé mardi les constructeurs automobiles de leur imposer une réglementation pour réduire les émissions de CO2 des voitures, jugeant leurs efforts insuffisants.

Jusqu'à présent, Bruxelles, fidèle à sa politique de coopération avec les industriels, s'est contentée des engagements des constructeurs automobiles pour limiter la pollution automobile.

En 1998-1999, ces derniers se sont engagés à ce que les voitures particulières ne dégagent pas plus de 140 grammes de C02 par kilomètre parcouru d'ici 2008-09.

Mais en 2004 la moyenne des émissions -- plus importantes pour une grosse berline ou un 4X4 que pour une petite voiture -- se situait encore à 161 grammes de CO2 au kilomètre pour les constructeurs européens, 170 grammes pour les constructeurs japonais et 168 grammes pour les constructeurs coréens, selon la Commission.

"Les constructeurs ont réalisé des progrès remarquables depuis 1995", avec une baisse de plus de 12% des émissions, mais ils devront "consentir d'importants efforts supplémentaires" pour respecter leur engagement, car la "situation n'est pas satisfaisante", a estimé le commissaire européen aux Entreprises et à l'Industrie, Günter Verheugen, cité dans un communiqué.

Son porte-parole, Gregor Kreuzhuber, a précisé les intentions de la Commission, en évoquant la possibilité d'une réglementation contraignante.

"Nous attendons de l'industrie qu'elle respecte ses engagements. Si elle ne le fait pas, la Commission n'hésitera pas à remplacer la carotte par le bâton, ce qui peut signifier une réglementation", a-t-il déclaré.

Les voitures particulières génèrent plus de 10% des émissions de CO2 de l'Union européenne, soit plus de la moitié du total de celles des transports automobiles.

Bruxelles réclame une diminution substantielle de la pollution automobile, pour tenir son engagement de réduire d'ici 2012 ses émissions de gaz à effets de serre à un niveau inférieur de 8% à celui de 1990, dans le cadre du protocole de Kyoto.

Interrogée sur l'annonce de la Commission, l'association européenne des constructeurs automobile (ACEA) s'est logiquement montrée réservée.

"A ce stade il n'est pas opportun de parler d'une législation", a déclaré à l'AFP Sigrid de Vries, directrice de la communication de l'ACEA. En effet "il est trop tôt pour dire si les objectifs de 2008 seront atteints", a-t-elle indiqué.

L'ACEA a rappelé dans un communiqué que les constructeurs européens avaient réduit significativement les émissions de leurs voitures en quelques années.

En 2004, près de 4 millions de nouvelles voitures, soit presque 30% des ventes, rejetaient moins de 140 grammes de CO2, rappelle l'association, contre seulement 2,6% en 1995.

La Fédération européenne du transport et de l'environnement, une ONG basée à Bruxelles, s'est au contraire réjouie de voir la Commission hausser le ton face au constructeurs.

"C'est une bonne nouvelle que la Commission songe enfin à établir une législation", a réagi Dudley Curtis, porte-parole de l'ONG.

En effet rien n'oblige les constructeurs à respecter leurs engagements, car le système actuel "manque de transparence et ne sanctionne pas" les fautifs, estime-t-il.

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