Quand on se retrouve pour la première fois face au troupeau de Louise Lauzon et Ivan Steenhout, de Racine, impossible de ne pas s'extasier devant le charme de leurs moutons. Une grossière erreur qui mérite de gros yeux: ce ne sont pas des moutons, ce sont des chèvres angoras.

Quand on se retrouve pour la première fois face au troupeau de Louise Lauzon et Ivan Steenhout, de Racine, impossible de ne pas s'extasier devant le charme de leurs moutons. Une grossière erreur qui mérite de gros yeux: ce ne sont pas des moutons, ce sont des chèvres angoras.

La méprise est assez fréquente: "Ça arrive qu'après qu'on ait expliqué aux gens que ce sont des chèvres, ils partent en nous disant qu'on a de bien beaux moutons!" s'exclame le propriétaire de la Chèvrerie du Grand Flodden. C'est vraisemblablement le fait que ces chèvres aient de longs poils frisés qui porte à confusion.

Et bien que la viande de chèvre soit excellente, c'est avant tout pour leur pelage qu'elles sont élevées. On en tire le mohair, une fibre naturelle légère, soyeuse, résistante. C'est plus doux, et trois fois plus chaud que la laine.

Une chèvre angora produit environ 7 kilos de mohair par année. Le poil pousse d'environ 1cm par mois, et est tondu aux 6 mois. "Si on ne les tond pas assez souvent, le poids devient trop lourd à supporter pour la chèvre. Elle tombe et ne peut plus se relever", indique Mme Lauzon en s'attirant quelques sourires. "Dans la nature, elles se frottent aux arbres pour l'arracher".

Ivan Steenhout et Louise Lauzon ont un troupeau d'une centaine de têtes, réduit de moitié cette année, le temps de compléter la construction d'une nouvelle section à leur résidence. Leur histoire d'amour avec les chèvres a commencé en 1985, de la même manière que bien d'autres histoires. Ils sont de Montréal, ont besoin d'un coin pour se reposer, s'achètent une maison de campagne avec un très grand terrain. Leur vient l'envie d'exploiter leur terre, et la maison de campagne devient la résidence principale.

Erreur de débutant

"On avait des chèvres et des moutons au début, précise Mme Lauzon. Mais on a vite choisi de ne garder que les chèvres, à cause de leur caractère". C'est avec quatre chèvres et un bouc que l'aventure commence, assortie d'une erreur de débutant: ils ont acheté les bêtes les moins chères, avec une mauvaise génétique, qui produisent un mohair qui ne permet pas de rentabiliser l'entreprise. "Au bout de trois ans, se rappelle l'éleveur, nous avions quarante bêtes que nous avons toutes envoyées à l'abattoir. On a ensuite payé le gros prix pour acheter les champions de Toronto."

Ils reprennent tout à zéro, mais ils ont une bien meilleure connaissance de l'animal. Ils vont jusqu'au Texas pour se procurer de bons reproducteurs, et s'échinent à monter un excellent troupeau de chèvres angoras pur-sang. "On peut remonter leur génétique jusqu'en 1850, l'année où les bêtes ont été importées en Amérique", indique M. Steenhout.

Aujourd'hui, tout un pan de mur de leur résidence est couvert de rubans mérités par leurs chèvres, et encore, ils ne sont pas tous là, faute d'espace. "Il y a même un qui a été mangé par la chèvre qui l'a gagné", ajoute M. Steenhout.

Parmi les meilleures au monde

Les chèvres angoras du Québec sont considérées parmi les meilleures au monde, avec celles du Texas et d'Afrique du Sud. Il y a une demande de la part de certains pays européens pour les chèvres du Québec, mais les frontières sont fermées, à cause de la tremblante du mouton. "Les chèvres ne sont même pas affectées par cette maladie, indique M. Steenhout. Alors qu'une de nos chèvres se vend environ 500 $ ici, on pourrait en obtenir 12 000 $ en France."

Qu'à cela ne tienne, les propriétaires continuent à gagner leur vie grâce à la vente de produits artisanaux fabriqués à partir du mohair. Ils prennent charge de tout, de la reproduction à la vente du produit fini. Les incontournables bas de mohair, de magnifiques tricots, de chaudes mitaines, de jolies écharpes... Il n'y a de limite que l'imagination de l'artisan qui utilise la fibre.

Les produits artisanaux de la Chèvrerie du Grand Flodden sont disponibles dans plusieurs boutiques de la région, et Louise Lauzon est présente dans la plupart des salons et expositions ici comme à Montréal. Si vous n'arrivez pas à mettre la main sur l'article que vous cherchez, vous pouvez contacter les propriétaires au 450-532-2941.

marianne.dandurand@latribune.qc.ca