Le monde de la PME québécoise est un acteur clé dans l'industrie aéronautique de la province. Avec environ 230 de ces compagnies installées sur le territoire, les grands constructeurs et leurs intégrateurs sont choyés.

Le monde de la PME québécoise est un acteur clé dans l'industrie aéronautique de la province. Avec environ 230 de ces compagnies installées sur le territoire, les grands constructeurs et leurs intégrateurs sont choyés.

Aussi, le secteur a créé ses propres regroupements qui aident les PME à garder leur place.

Fondée en 1997 et siégeant à Montréal, l'Association québécoise de l'aérospatiale compte 229 membres de toutes les provenances: gouvernements, institutions et entreprises commerciales.

Sa directrice générale, Sue Dabrowski, fait partie des premiers soldats à monter au front pour défendre les intérêts des PME du milieu.

Mme Dabrowski ne sous-estime pas leur importance. "À Montréal, nous sommes la deuxième ville du monde après Seattle et avant Toulouse pour l'importance de l'infrastructure en aéronautique. Nous comptons 40000 employés dans le domaine, ce qui est énorme."

Le poids des PME ne résume pas tout. Il faut aussi comprendre le rôle qu'elles jouent pour faire progresser leur industrie à travers leur créativité.

"D'un point de vue technologique et économique, leur contribution est cruciale", estime Jean Nicolas, membre du conseil d'administration du Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ).

"Ce sont souvent les PME qui proposent des innovations qui font avancer le marché, ajoute M. Nicolas. Au Québec, elles jouent un rôle majeur."

Les intégrateurs qui brassent des affaires avec ces petites compagnies le reconnaissent sans détour.

"À Montréal, la main-d'oeuvre est extrêmement compétente dans le domaine, souligne Gilles Labbé, président et chef de la direction d'Héroux-Devtek. Les entrepreneurs démontrent leur capacité d'en faire plus."

Même si justement, les intégrateurs jouent maintenant un rôle important dans la fabrication et l'assemblage pour les constructeurs, les plus petits acteurs sont vus comme indispensables.

"Nous ne voyons pas les PME comme autre chose que des partenaires, précise M. Labbé. Nous ne pouvons pas tout faire nous-mêmes et nous avons besoin d'un réseau à la fine pointe, capable de nous soutenir dans les projets que nous entreprenons. Elles peuvent fabriquer des composantes, traiter des surfaces, etc."

Les PME ont besoin d'aide

Avec la menace des délocalisations, l'avenir n'est pas encore assuré. À moins que les PME s'organisent.

Sue Dabrowski milite pour une meilleure compréhension de la mondialisation, et pour une intervention rapide de la part des gouvernements afin d'aider les fleurons québécois.

"Si l'on se croise les bras, quelqu'un d'autre prendra la place", avertit la directrice générale de l'Association québécoise de l'aérospatiale.

Mme Dabrowski voit trois façons pour les PME de prospérer, incluant de faire leurs propres délocalisations!

"Si une PME vend déjà ses produits à une compagnie étrangère et qu'elle s'installe au Mexique, dit-elle, les produits spécialisés continueront à se vendre. Il faut aussi regrouper nos forces avec des joueurs là-bas. S'il faut trouver une compagnie dont les activités sont complémentaires au Mexique, on peut lancer de nouveaux produits."

La directrice estime que des pays comme le Mexique, une fois adoptés par les "grands", peuvent devenir incontournables.

"Si une entreprise québécoise s'installe là, précise-t-elle, Bombardier a l'occasion de créer une grappe comprenant les sous-traitants qui pourraient produire pour moins cher. Et les gouvernements doivent les aider. Ils ne peuvent pas se limiter à donner un coup de main aux grands donneurs d'ordres."

Mais comment y arriver? Sue Dabrowski propose par exemple la création d'un FIER-Partenariat sectoriel avec Investissement Québec et la Société générale de financement. Cela pourrait permettre de mettre sur pied une structure et un plan stratégique à long terme pour les compagnies familiales afin de stimuler leur innovation.

Jean Nicolas, du CRIAQ, semble d'accord sur le besoin criant d'une intervention.

"Nos PME ont besoin d'aide technologique et au niveau des affaires, observe-t-il. Ce qui est important, c'est de les renforcer pour qu'elles en profitent et répondent aux grands acteurs. Le défi n'est pas spectaculaire. Pour acheter des équipements, il faut en comprendre l'intérêt afin de produire davantage et plus vite."

Dynamiser les PME passe aussi par l'investissement dans les employés.

"Je crois au capital humain, dit Jean Nicolas. Si nous avions les moyens de faciliter l'intégration des gens qualifiés au plan technologique mais aussi commercial dans les PME, nous pourrions les aider à embaucher et faire un gros pas en avant."

De son côté, Gilles Labbé, PDG d'Héroux-Devtek, voit dans l'expertise et les produits à haute valeur ajoutée une bouée de sauvetage.

"L'avenir, avance M. Labbé, c'est de se spécialiser dans un créneau et d'y devenir très performant. Ça prend des produits et services à haute valeur ajoutée, très difficiles à fabriquer que l'on ne peut pas délocaliser. Il faut devancer la parade." Après cela, il faudra savoir où trouver les meilleurs débouchés.

"Ça va passer par l'exportation, tranche Gilles Labbé. Ces joueurs-là ont commencé à exporter hors du Québec, trouvant d'autres clients que Bombardier. Il y a une pléiade de clients comme Boeing, Lockheed Martin et des clients européens avec qui on peut s'entendre.

Bref, c'est une question de diversification.

"Il faut moins dépendre d'une compagnie, même si le secteur de l'aéronautique ne nous permet pas de confier 20% de votre chiffre d'affaires à une centaine de clients", conclut le patron d'Héroux-Devtek.