C'est une perte de temps, pour un chercheur d'emploi d'âge mûr, de compter sur les offres dans Internet ou les journaux pour dénicher un job.

C'est une perte de temps, pour un chercheur d'emploi d'âge mûr, de compter sur les offres dans Internet ou les journaux pour dénicher un job.

Selon une conseillère d'orientation d'expérience, Lise Simard, le travailleur âgé ne fait pas le poids, sur le marché "officiel", devant la concurrence de candidats plus jeunes.

Les portes sont fermées dans les entreprises dont la direction est jeune, par exemple, à cause "du climat et de l'ambiance différents", dit-elle. Les grandes entreprises syndiquées sont elles aussi plus réticentes, selon Mario Charette, un autre conseiller d'orientation actif auprès des travailleurs âgés. Il estime que les services des ressources humaines laissent parfois certains candidats "faire des tours de piste longtemps" avant de les écarter.

Cela pourrait changer bientôt avec la pénurie de main-d'oeuvre appréhendée vers 2011, ajoute-t-il. Les démarches des immigrants, des travailleurs âgés ou handicapés pourraient devenir plus fructueuses, croit-il. Mais pour l'instant, les avenues à exploiter, pour le travailleur d'âge mûr en recherche d'emploi, sont plutôt celles du marché caché (postes qui ne sont pas annoncés) et du réseau de contacts, selon Lise Simard.

De ce côté-là, tout est possible, affirme cette femme de 60 ans qui affiche un taux de succès de 80% dans le placement de personnel de plus de 50 ans. Sa performance lui a d'ailleurs valu un prix de son ordre professionnel.

"Tous peuvent se replacer, même à 72 ans, mais cela prend plus de temps." La chose n'est évidemment pas aussi facile en régions éloignées, où le travail est plus rare, concède Mme Simard, qui exerce son métier dans la région des Basses-Laurentides, au nord de Montréal.

Pas besoin de loi?

Malgré les difficultés actuelles, le Québec n'a pas besoin d'une loi contre l'âgisme au travail, comme celle adoptée en Grande-Bretagne récemment, estime-t-elle. Mario Charette abonde dans le même sens. Le mot discrimination, pour qualifier la situation québécoise, lui paraît même un peu fort. Les employeurs lui semblent plus inquiets que discriminants.

Les employeurs québécois ne font que refléter les préjugés de l'ensemble de la société, d'après Lise Simard. Les travailleurs eux-mêmes ont intériorisé l'idée qu'ils sont trop vieux, estime M. Charette. "Ils manquent d'assurance, ils sont nerveux."

La conseillère note qu'ils ont souvent besoin de s'inscrire à un programme spécial offert par un Centre local d'emploi (CLE) afin d'apprendre "comment s'y prendre" avec un employeur.

Ceux qui ont le plus de mal à réintégrer le marché sont les travailleurs qui ne se sont pas tenus à jour dans leur domaine, dit Mme Simard. Tout comme les gens qui connaissent mal leurs forces et leurs faiblesses et ceux dont les compétences sont devenues obsolètes. Le pire handicap est cependant l'incapacité à se servir d'un ordinateur.

La scolarité n'est pas un problème, selon la spécialiste, qui affirme qu'une brève formation d'appoint peut aider à dénicher un emploi.

Parfois, l'embauche d'un premier travailleur âgé ouvre la porte à un autre. Certains employeurs recherchent spécifiquement des candidats âgés pour des emplois où l'expérience constitue un atout, observe Mme Simard. C'est le cas des quincailleries à grande surface. Des entreprises comme Ultramar et SNC Lavalin se tournent aussi vers les employés âgés pour pourvoir certains postes.

À SAVOIRSelon le conseil du patronat, les préjugés entretenus à l'endroit des travailleurs âgés :

> S'adaptent mal et sont peu ouverts aux nouvelles technologies

> Sont plus souvent malades

> Manquent de productivité

> S'entendent mal avec les plus jeunes employés

> Exigent des salaires élevés

Situations de travail qui affectent le plus les travailleurs vieillissants :

> la cessation d'emploi et la mise à la retraite

> les conditions de travail et l'accès à l'emploi.