Le groupe canadien d'information financière Thomson Corp (TOC) a confirmé mardi vouloir acheter Reuters pour environ 17,5 G$ US, avec l'assentiment de la direction de son concurrent britannique.

Le groupe canadien d'information financière Thomson Corp [[|ticker sym='TOC'|]] a confirmé mardi vouloir acheter Reuters pour environ 17,5 G$ US, avec l'assentiment de la direction de son concurrent britannique.

Thomson cherche à égaler le géant du secteur, soit l'agence Bloomberg.

Lundi soir, Thomson Corp a révélé être le mystérieux groupe auteur de l'approche révélée vendredi par Reuters.

Mardi, les numéros deux et trois de l'information financière (23% de parts de marché pour Reuters et 11% pour Thomson Corp via sa branche Thomson Financial) ont révélé les détails de leur possible rapprochement.

Les deux conseils d'administration estiment «qu'il y a une logique puissante et irréfutable à une alliance qui créerait un leader mondial sur les marchés de l'information d'entreprise à entreprise».

L'offre en argent comptant et en actions de Thomson Corp valorisait le titre Reuters à 697 pence au cours de Thomson Corp à Toronto lundi soir, soit près de 42% de plus que la valeur du titre Reuters jeudi.

Le nouveau groupe s'appellerait Thomson-Reuters, l'activité d'information financière et d'agence de presse conservant le nom de Reuters. La double cotation serait maintenue à Toronto et Londres.

La nouvelle entité permettrait d'économiser plus de 500 M$ US chaque année au bout de trois ans.

Le directeur général de Reuters Tom Glocer, 47 ans, deviendrait directeur général de Thomson-Reuters et son homologue chez Thomson, Richard Harrington, 60 ans, prendrait sa retraite.

La holding Woodbridge, qui gère la participation de la famille Thomson dans le groupe canadien, détiendrait environ 53% du groupe élargi, les autres actionnaires de Thomson 23% et les actionnaires de Reuters 24%.

Thomson Corp et Reuters ont cependant précisé qu'il n'y a «aucune assurance qu'un accord sera obtenu», car il y a encore «beaucoup de choses à régler». Il faut notamment convaincre la Reuters Founders Share Company, entité chargée d'assurer l'indépendance de Reuters grâce à une «golden share», une action spécifique lui permettant de bloquer tout rachat qui ne lui conviendrait pas.

Mais son président, le Suédois Pehr Gyllenhammar, avait indiqué dans une interview au Financial Times il y a deux ans que cette action «était bien plus noble qu'une pilule empoisonnée», puisqu'elle visait «à protéger les principes de Reuters», non à empêcher un rachat.

Or, Thomson Corp et Reuters se sont engagés à conserver ces principes d'impartialité éditoriale et à garder une structure comparable à la Reuters Founders Share Company, ce qui devrait amadouer celle-ci.

La nouvelle entité pourrait par ailleurs faire hausser le sourcil des régulateurs de la concurrence de part et d'autre de l'Atlantique.

«Tout dépendra de la manière dont les autorités définissent le marché» de l'information financière, juge la banque Merrill Lynch, qui s'attend «à quelques petites cessions» d'activités éventuelles pour Reuters.

Avec 34% de parts de marché, le nouveau groupe ne serait cependant pas sensiblement plus gros que le numéro un actuel, l'américain Bloomberg (33%).

Le secteur est en pleine ébullition depuis l'annonce, la semaine dernière aux États-Unis, d'une OPA de 5 M$ US par News Corp, le groupe de Rupert Murchoch, sur Dow Jones [[|ticker sym='DJ'|]], propriétaire de l'agence du même nom et du quotidien Wall Street Journal.

Reuters, qui emploie 16 900 personnes dans le monde, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,7 milliards de livres (environ 5,4 G$ US) en 2006, dont plus de 90% dans la fourniture de données financières.

Thomson, qui emploie 32 000 personnes, a réalisé quant à lui un chiffre d'affaires de 6,6 G$ US en 2006.