Les bons vieux chèques personnels sont à un tournant de leur histoire. En juillet prochain, ils passeront à l'ère numérique. Pas les chèques en tant que tel, mais tout le système de compensation.

Les bons vieux chèques personnels sont à un tournant de leur histoire. En juillet prochain, ils passeront à l'ère numérique. Pas les chèques en tant que tel, mais tout le système de compensation.

Sous le système actuel, cinq millions de chèques doivent être transportés d'une institution à l'autre, quotidiennement, pour être compensés. Avec la nouvelle méthode, les chèques seront numérisés et acheminés sous forme électronique. Mais les clients des banques refusent de faire les frais de cette transition...

Raymond Banget, un client de la Banque de Montréal, s'est rebiffé quand on l'a averti que ses anciens chèques ne seraient plus acceptés et qu'il devrait payer pour en commander de nouveaux, conformes aux nouvelles normes. Impossible d'échanger ses anciens chèques, même s'ils ont déjà été payés «fort chers», commente M. Banget.

Pour faciliter la numérisation des chèques, il est vrai que les normes ont été changé. Par exemple, sur les nouveaux chèques, la date doit être écrite en chiffres, dans des cases de guidage.

Depuis près de deux ans, les clients de toutes institutions financières qui commandent des chèques, reçoivent des chèques de la nouvelle génération.

Les vieux chèques d'entreprises ne seront plus valides à partir de juillet prochain. Mais pour les particuliers, il n'y a pas de date butoir. Ceux qui auront encore des chèques de l'ancienne génération pourront «probablement, dans la plupart des cas», épuiser leur stock «à condition qu'il soit possible d'en saisir des images de bonne qualité», explique l'Association canadienne des paiements (ACP) qui pilote le projet de modernisation des chèques.

Un exemple de chèque problématique : L'arrière-plan du chèque très foncé empêche de saisir une image claire.

«On va laisser les gens terminer leurs provisions de chèques. Si les chèques posent problème, on va y aller au cas par cas. On ne peut pas aller plus vite que la technologie qui n'est pas encore en place», explique Lucie Gosselin, porte-parole de la Banque de Montréal.

Mais comme ce sont les banques qui ont pris l'initiative de cette transition, M. Banget considère que ce sont à elles d'assumer les coûts des nouvelles normes. Une nouvelle technologie... en 1963

Un autre client de longue date de la Banque de Montréal a sursauté quand il a lu un feuillet d'information qu'on lui avait posté.

Les grandes lignes : Si vous déposez un chèque qui n'est pas encodé à l'encre magnétique, le délai maximal avant de pouvoir accéder aux fonds est de 15 jours civils, au lieu de sept jours si le chèque est encodé à l'encre magnétique. Si un chèque n'est pas honoré, la Banque a le droit d'imputer à votre compte le montant du chèque ou du dépôt.

«Je fais souvent des transactions de ce type et comme les fonds entrent et sortent rapidement, je n'ai pas envie de gérer (et d'assumer !) les retenues de fonds», se plaint-il, croyant avoir affaire à une nouvelle politique de la Banque.

«Bravo ! On encourage nos clients à lire comme il faut la documentation», lance Mme Gosselin. Mais dans ce cas-ci, elle assure que les pratiques de la Banque n'ont pas changé. L'encre magnétique existe depuis plus de 40 ans. D'ailleurs en fouillant dans les archives, elle a retracé un vieux communiqué de presse vantant les mérites d'une nouvelle technologie à l'encre magnétique. C'était en 1963 !

Depuis cette époque, une ligne d'information à l'encre magnétique figure au bas de la plupart des chèques, partout dans le monde. On y retrouve le nom de l'institution et la succursale de l'émetteur du chèque. Ces renseignements sont automatiquement décodés par une machine, ce qui permet de retourner rapidement le chèque au bon endroit.

De nos jours, rare sont les individus qui ont des chèques non encodés, même s'il est encore possible de faire un chèque sur à peu près n'importe quel bout de papier... ou de peau de phoque.

Faute d'avoir son carnet de chèques sous la main, le trappeur Clauss Anderson a taillé un rectangle dans une de ces peaux de phoque. Il a ainsi payé la somme de trois pounds et 10 shillings. C'était en septembre 1933.

Le précieux (et doux !) document est conservé au Musée de la Banque de Montréal, 129 rue St-Jacques. On y retrouve des liasses de chèques (retenus par un ruban de soie, l'ancêtre de l'élastique) remontant aux premières années de la Banque de Montréal qui est la plus ancienne au pays, fondée en 1817.

On y retrace aussi l'histoire des billets de banque (piastres, shillings, puis dollars à partir de 1858) du temps où ils étaient libellés par chacune des banques et non par la Banque du Canada comme c'est le cas depuis 1935.

On peut visiter le musée du lundi au vendredi, de 10 à 16h. Et devinez quoi ? Il n'y a aucun frais !