Les investisseurs n'ont pas aimé les résultats préliminaires des trois derniers mois présentés, hier, par Loblaw (T.L).

Les investisseurs n'ont pas aimé les résultats préliminaires des trois derniers mois présentés, hier, par Loblaw [[|ticker sym='T.L'|]].

En cours de séance, le titre du plus important épicier au pays a perdu presque 5%, sa plus forte baisse en 13 mois.

Est-ce le temps d'en acheter?

Éric Simard, vice-président pour Demers Conseil, pense que oui.

" Mon opinion va à contre-courant du marché parce que plusieurs investisseurs croient que la restructuration sera longue et ardue, dit-il. Même s'il y aura encore des soubresauts, je pense que Loblaw a pris des décisions courageuses pour repartir sur des bases neuves. "

Le conseiller rappelle que la société ontarienne, propriétaire des magasins Provigo et Maxi, a voulu se réinventer à partir de 2004 pour faire face à l'arrivée de Wal-Mart dans le créneau de l'alimentation.

" Son grand programme de restructuration des achats, de la distribution et de l'entreposage a connu des ratés parce qu'elle est allée trop vite et qu'elle a voulu trop en faire ", dit-il.

À partir de 2005, ces problèmes ont entraîné des coûts supplémentaires de plusieurs millions et on conduit à une baisse de la croissance des ventes et des profits.

Depuis, Loblaw a posé plusieurs gestes pour corriger la situation, ajoute M. Simard.

Elle a notamment embauché une nouvelle équipe de direction et elle a radié des stocks d'appareils électroniques, de literie et de produits saisonniers (meubles de patio, etc.) pour se concentrer en alimentation.

Cela dit, la fermeture d'entrepôts désuets et de magasins non rentables alliée à des radiations d'actifs et des centralisations de services ont culminé dans des charges non récurrentes dans les résultats de l'entreprise.

En tenant compte de ces éléments extraordinaires, Loblaw a affiché un bénéfice net préliminaire de 16 cents l'action au quatrième trimestre, soit une dégringolade de 78% par rapport à la même période l'an dernier.

En ajoutant une charge exceptionnelle de 600 à 900 millions pour radier des actifs liés à l'achat de Provigo en 1998, elle affiche une surprenante perte nette de 2,03$ à 3,12$ par action qui fera en sorte qu'elle présentera une perte annuelle pour 2006.

Les chiffres officiels seront publiés avant le 30 mars prochain. Il serait surprenant qu'ils soient disponibles le 21 février lors d'une journée consacrée aux investisseurs au cours de laquelle Loblaw présentera son plan de match pour la prochaine année.

Par ailleurs, même en excluant les charges non récurrentes, la société a présenté hier un bénéfice net de 58 cents l'action (en baisse de 38% sur l'an passé) alors que les analystes attendaient 92 cents l'action.

Éric Simard reconnaît que la partie n'est pas facile.

Il souligne toutefois que Loblaw détient 35% du marché de l'alimentation canadien par rapport à 16% pour Sobeys (IGA) et à 13% pour Metro (A&P Canada).

Son bilan est solide et sa dette à long terme est raisonnable, à 4,2 milliards, car elle représente 14% de ses revenus (comparativement à 5% pour Sobeys et 11% pour Metro).

Le conseiller précise que la rentabilité de Loblaw est historiquement élevée comparativement à ses pairs.

De plus, ajoute-t-il, si le retour à la situation d'antan était trop pénible, la compagnie dispose de plusieurs avenues potentielles.

Tout d'abord, elle pourrait décider de vendre toutes ces immobilisations d'un coup et devenir locataire de ses magasins. Elle pourrait aussi fermer certains magasins moins performants et vendre les terrains ainsi libérés.

M. Simard calcule que les immobilisations de Loblaw ont une valeur comptable nette de 7,8 milliards, incluant 1,6 milliard pour les terrains. La valeur comptable des immobilisations est de 28,30$ par action mais, à son avis, la valeur marchande est d'environ 38$ à 40$ l'action.

Enfin, avance le spécialiste, Loblaw pourrait être vendue à un acquéreur, comme un géant mondial de l'alimentation ou un fonds d'investissements privés, qui saurait reconnaître la valeur stratégique de ses actifs, advenant le consentement de George Weston, l'actionnaire principal.

" Nous sommes face à une entreprise de qualité qui a démontré, dans le passé, les qualités d'opérations de ses gestionnaires dans les magasins, dit M. Simard. Elle se transige à des ratios fort respectables (16 fois les profits de 2007) et elle évolue dans une industrie non cyclique. "

Le conseiller recommande l'achat de l'action dans une perspective de long terme. Son prix cible d'ici un an est de 60$ à 62$, un potentiel d'appréciation d'environ 20% par rapport au cours actuel.

Les analystes sont beaucoup plus pessimistes. Hier, avant la publication de ces décevants résultats, un seul recommandait d'acheter le titre, trois suggéraient de le conserver et cinq proposaient de le vendre. Leurs cours cible moyen pour les douze prochains mois était de 46,75$.