Même s'ils sont chers, les titres des services publics pourraient surprendre agréablement cette année si le marché se tourne vers les secteurs défensifs.

Même s'ils sont chers, les titres des services publics pourraient surprendre agréablement cette année si le marché se tourne vers les secteurs défensifs.

«Dans ce cas, les actions des sociétés spécialisées dans la production d'électricité et les pipelines pourraient faire mieux que prévu», estime Louis Chasles, de Gestion privée TD Waterhouse.

Pour le moment, les spécialistes ne s'attendent pas à une très grande année pour les entreprises de services publics.

Il faut dire que leurs actions ont bien fait dans la deuxième moitié de 2006.

Stimulées par la fin des hausses de taux d'intérêt, par l'augmentation des prix de l'électricité et par l'imposition éventuelle des fiducies de revenu, elles ont retrouvé des acheteurs et regagné du tonus après un début d'année très difficile.

Au total, elles ont affiché un rendement de 2,1 % pour les douze derniers mois.

Toutefois, si l'on exclut l'impact négatif des six fiducies de revenu qui se sont ajoutées au sous-indice l'an passé, les cinq entreprises de services publics, Atco, Canadian Utilities, Emera, Fortis et TransAlta, ont réalisé un rendement moyen d'environ 15 %, en incluant les dividendes.

Ce regain d'activité dans le secteur a fait en sorte que les entreprises du groupe se transigent aujourd'hui à un ratio moyen de 20 fois les profits de 2007.

«Autrement dit, les actions des services publics s'échangent à un prix élevé, comme si elles évoluaient dans un monde parfait», constate Marc-André Robitaille, vice-président, actions canadiennes, pour ING Gestion de placements.

Ce n'est pourtant pas le cas. D'autant plus que les baisses de taux d'intérêt de court terme pourraient être reportées au sud de la frontière si l'économie américaine tourne plus rapidement qu'anticipé, comme le constatent certains prévisionnistes.

«Ça ne veut pas dire que le secteur va reculer de 20 % comme au début de 2006 mais il faut quand même être prudent», prévient M. Robitaille.

Selon lui, une chose pourrait changer la donne: cette année, ceux qui détenaient des fiducies de revenu (imposées dès 2011) pourraient se tourner vers les actions des services publics pour encaisser des dividendes.

Louis Chasles est aussi de cet avis. Il rappelle, par exemple, que les sociétés Emera et TransAlta versent d'importants dividendes avec des rendements respectifs de 4 % et de 3,8 %. " Cela se compare aux taux des obligations de 10 ans qui s'échangent à 4,02 % ", dit-il.

Le portefeuille Revenus de dividendes TD détient également les titres de Canadian Utilities et de Fortis.

M. Chasles pense que trois éléments supporteront les titres des services publics cette année.

À son avis, il devrait y avoir une rotation des titres cycliques (ressources naturelles) vers des secteurs défensifs (services publics, banques) pour les investisseurs à la recherche d'entreprises offrant de la stabilité et une certaine croissance des revenus, des profits et des dividendes.

Le gestionnaire souligne aussi que les titres de services publics s'avèrent une solution de rechange intéressante aux fiducies de revenus en raison de leurs dividendes élevés, de la visibilité des profits, de leurs profils de risque et de la solidité de leur capitalisation boursière.

Enfin, il ne voit pas de grands mouvements, à la baisse ou à la hausse des taux d'intérêt. Cela fait en sorte que l'environnement est plutôt positif.

«Il n'y aura peut-être pas de grande envolée en Bourse mais il n'y aura pas d'effondrement non plus, avance-t-il. Aux prix actuels, les titres ne sont pas donnés mais il faudra voir jusqu'où les gens seront prêts à payer.»

Dans ce contexte de prix élevés, Marc-André Robitaille opte pour TransAlta, un important fournisseur d'électricité en Alberta, en Ontario, en Nouvelle-Zélande, en Australie et aux États-Unis. «Il faut miser sur une entreprise qui a un profil plus dynamique que ses pairs», dit-il.

Les analystes s'attendent à un bénéfice par action de 1,46 $ cette année par rapport à 1,05 $ l'an dernier.

Pour sa part, en plus de Trans-Alta, Louis Chasles surveille aussi le titre de Emera, un autre producteur d'électricité.

Deux choses pourraient l'avantager cette année : la baisse du prix du charbon (utilisé pour faire de l'électricité) et un environnement réglementaire plus favorable en Nouvelle-Écosse.

SECTEUR DES SERVICES PUBLICSLOUIS CHASLES

Gestionnaire de portefeuille pour Gestion privée TD Waterhouse

PLUS : pour la stabilité et le versement des dividendes

MOINS : les titres s'échangent à des niveaux élevés

TITRES À SURVEILLER

Emera (EMA), TransAlta (TA)

MARC-ANDRÉ ROBITAILLE

VP et gestionnaire principal, actions canadiennes, pour ING Gestion de placements

PLUS : les prix de l'électricité se maintiennent

MOINS : resserrement des taux d'intérêt

TITRE À SURVEILLER

TransAlta (TA)