Après avoir mis à pied des centaines d'employés dans ses usines, Abitibi-Consolidated (A) a maintenant l'intention de demander des concessions à ceux qui restent pour l'aider à traverser la crise actuelle dans le secteur forestier.

Après avoir mis à pied des centaines d'employés dans ses usines, Abitibi-Consolidated (A) a maintenant l'intention de demander des concessions à ceux qui restent pour l'aider à traverser la crise actuelle dans le secteur forestier.

"Plusieurs de nos compétiteurs l'ont fait et nous allons peut-être avoir besoin de le faire, usine par usine", a indiqué hier le président John Weaver, lors de la publication des résultats du troisième trimestre. Abitibi affiche une perte de 48 millions de dollars canadiens au 3e trimestre, qui se compare à un bénéfice net de 99 millions ou 23 cents l'action pour la même période l'an dernier. Les ventes ont atteint 1,2 milliard, en baisse de 12,8 %.

Les analystes s'attendaient à des résultats écrits à l'encre rouge, mais cette perte de 11 cents par action, est plus importante que celle qu'ils avaient prévu, soit entre 6 et 7 cents par action. Le titre d'Abitibi a fini la journée à 2,90 $ hier, en baisse de 17 cents. L'analyste Jaret Anderson, de UBS, a un cours-cible de 3,25 $ pour les actions d'Abitibi. Depuis un an, le cours de l'action a varié entre 2,57 $ et 5,13$.

"Nous sommes évidemment déçus des résultats de ce trimestre", a commenté John Weaver en conférence téléphonique, en blâmant, dans l'ordre, l'appréciation du dollar canadien, l'augmentation des coûts de production et une baisse des ventes pour cette piètre performance.

La division de papier journal, la plus importante de l'entreprise, a dégagé un bénéfice d'exploitation de 40 millions, bien meilleur que le surplus de 9 millions enregistré l'an dernier. Les deux autres divisions, les papiers d'impression et le bois d'oeuvre, ont perdu plus d'argent, soit respectivement 5 millions et 33 millions.

Pour faire face au ralentissement du marché dans tous ses secteurs d'activités, Abitibi-Consolidated a fermé trois usines de papier en Ontario, à Terre-Neuve et au Québec, et stoppé la production dans cinq scieries, toutes au Québec. Il n'y a pas d'autres fermetures en vue, a indiqué hier son président, qui a par contre précisé que la production des scieries pourrait ne pas reprendre avant un an. C'est le temps qu'il faudra pour consolider ce secteur, estime John Weaver.

Abitibi récupérera 235 millions de dollars américains à la suite du règlement du conflit sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis. Cette somme, qui équivaut à 81,5% des droits compensatoires payés par la compagnie depuis le début du conflit, sera consacrée à la réduction de la dette.

Abitibi a aussi annoncé son intention d'accroître sa présence aux États-Unis, en rachetant la part de son partenaire dans une usine de papier journal d'Augusta, en Géorgie. Selon John Weaver, les usines américaines d'Abitibi sont plus rentables que les usines canadiennes, surtout à cause du coût de la fibre qui est beaucoup moins élevé au sud de la frontière.

Les syndiqués de l'entreprise au Canada ont critiqué la décision d'Abitibi d'investir aux États-Unis, surtout que l'argent proviendra d'un premier appel à l'épargne pour créer un fonds de revenu qui détiendra une participation minoritaire dans ses installations de production d'énergie au Canada, qui totalisent 137 mégawatts. Abitibi devrait réinvestir cet argent dans ses usines au Canada plutôt que de les fermer, a dénonce le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, dont 3500 des membres sont des employés de la compagnie.

(La Presse)

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