Le huard a de grandes ailes!

Le huard a de grandes ailes!

Le dollar canadien, dont le cours a grimpé vendredi à 97,04 $ US (+0,21¢), poursuivra inexorablement son ascension et devrait être arrivé à parité avec la devise américaine d'ici quelques mois, estime-t-on.

Vice-président responsable des marchés internationaux à la Banque Laurentienne, François Barrière prévoit déjà depuis un bon moment que ce sera chose faite en février 2008.

«Mais je peux me tromper de 3 à 6 mois», ajoutait-il vendredi dans une entrevue avec La Presse Affaires.

Un peu moins affirmatif, Frédéric Mayrand, vice-président principal et coresponsable des ventes, change, à la BNP Paribas, se contente de dire que la parité est du domaine du possible.

«Mais je pense que le dollar canadien devrait faiblir dans les 3 à 6 mois suivants», ajoute-t-il. Autrement dit, le dollar US, qui coûte en ce moment 1,0305 $ CAN, devrait avoir vu son prix grimper alors à «1,08 ou 1,10 $ CAN», selon lui.

C'est aussi, ce que prévoient les 32 analystes et cambistes qu'a consultés l'agence Bloomberg.

Mais, d'abord, comment expliquer cette montée irrésistible du dollar canadien en cours depuis cinq ans et qui s'accentue encore?

Pour Frédéric Mayrand, de la BNP Paribas, le principal facteur qui pousse à la roue est l'affaiblissement du dollar américain par rapport à plusieurs autres devises, dont le dollar canadien. Comme par un jeu de vases communicants...

Ceci, au moment où l'économie américaine montre des signes d'essoufflement et qu'on n'écarte pas l'idée d'une récession au sud de la frontière.

Ainsi, signale Frédéric Mayrand, le US INDEX, qui est un instrument de mesure de l'état de santé du billet vert états-unien, en est aujourd'hui à un de ses plus bas niveaux historiques.

À savoir 79,57 unités, soit ce que peut acheter 1 $ US d'un panier de six devises étrangères (euro, yen, livre sterling, dollar canadien, franc suisse et couronne suédoise).

À son sommet, au printemps 1985, 1$US pouvait s'offrir 164 unités du même panier, et, à son plus bas, en 1992, 78,19 seulement.

Autres problèmes auxquels fait face la devise US, indique pour sa part François Barrière, de la Banque Laurentienne: les ventes au détail y ont reculé (hors autos) de 0,4% en août, et on s'attend à ce que la Réserve Fédérale abaisse son taux directeur dès la semaine prochaine.

«La question n'est pas de savoir si elle va bouger, mais de combien», dit-il.

Car, ajoute-t-il, personne ne s'entend sur ce que sera l'ajustement de son taux directeur (5,25% en ce moment). Certains prévoient que la Fed le réduira d'un demi-point de pourcentage, d'autres d'un quart de point, certains jugeant même qu'elle ne bougera pas.

«C'est comme pour le litre de lait. Quand on sait que le prix va monter, tout le monde en achète la veille, l'effet est anticipé. Mais là, on ne sait pas, il y aura un effet après...»

Autre facteur crucial qui dope le dollar canadien: les prix du pétrole, de l'or et des autres métaux ont beaucoup augmenté.

«On n'exporte pas plus, dit Fernand Barrière, mais on vend à de plus hauts prix..." Exemple qu'il donne: le cours moyen de l'or, qui fut de 360 $ US l'once Troy il y a quatre ans, comparativement à 650 $ US au cours des derniers 12 mois.

De toutes les façons, la demande de dollars canadiens augmente, dit-il. Ainsi, explique-t-il, un acheteur australien qui achète de l'or canadien pourra soit acquérir des dollars canadiens pour régler son achat, soit payer en dollars US que le vendeur canadien, lui, convertira en dollars canadiens.

«Mais des prix de matières premières élevés, ça ne peut pas durer 20 ans», ajoute-t-il.

Résultat, les 32 analystes et cambistes consultés par Bloomberg estiment (c'est une moyenne) que le dollar US devrait être plus cher fin 2007 (1,07 $ CAN) et à peu près au même cours (1,08 $ CAN) fin 2008.