Même si les rumeurs de rachat par des fonds d'investissement font bondir les actions de BCE (T.BCE) en Bourse, les analystes du milieu des télécoms invitent les investisseurs à la prudence.

Même si les rumeurs de rachat par des fonds d'investissement font bondir les actions de BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] en Bourse, les analystes du milieu des télécoms invitent les investisseurs à la prudence.

Kevin Restivo, analyste du Seaboard Group, se demande en particulier si une transaction qui engendrerait la privatisation de Bell ne serait pas la mauvaise voie à emprunter pour les investisseurs qui ont fait preuve de patience avec un titre stagnant en Bourse.

«Il y aurait un dérangement important au sein de la compagnie si la direction devait changer à court terme, dit M. Restivo. Bell se transforme et c'est idiot de penser qu'une prise de contrôle n'engendrerait pas de dérangement.»

Étant donné que Bell s'est restructurée afin de devenir plus concurrentielle, l'analyste estime que les dirigeants seront hostiles à tout changement radical, ce qui compliquera la réalisation d'une transaction.

«Je ne crois pas que c'est possible, confie Kevin Restivo. Je ne crois pas que la compagnie a encore pleinement recueilli les fruits de son labeur. La direction travaille avec un plan de réduction des coûts sur cinq ans. Si vous dirigez Bell, ne voulez-vous pas voir le résultat final ?»

«Nous avons entendu que les fonds Providence et KKR peuvent s'intéresser à Bell mais pour conclure une transaction, ils doivent avoir un vendeur qui acquiesce», renchérit-il.

Les courtiers Financière Banque Nationale et Valeurs mobilières Desjardins avancent aussi qu'un rachat de BCE est peu probable. Et ils s'attendent à quelques contrecoups boursiers après l'appréciation récente due aux rumeurs.

D'ailleurs, le titre gagnait 1,5% à 34,74 $ mercredi après-midi à Toronto.

«Nous ne croyons pas que BCE sera privatisée, ce qui veut dire que nous voyons une baisse à court terme pour le titre, écrit la FBN dans une note matinale aux investisseurs. Nous pensons qu'il serait difficile de privatiser la compagnie étant donné la taille de la transaction, les barrières politiques et surtout le risque opérationnel que la compagnie affronte toujours.»

Du côté de Valeurs mobilières Desjardins, l'analyste Joseph MacKay retire sa recommandation d'achat sur Bell pour prôner de «conserver» le titre, tout en maintenant son cours cible à 34,50 $ sur 12 mois.

La Financière Banque Nationale s'attend à des pressions sur la direction pour que les actionnaires voient leur patience récompensée.

«Le scénario le plus probable est que les actionnaires les plus importants de BCE [...] veulent que le conseil d'administration les favorise quand viendra le temps de disposer de l'argent comptant provenant de la vente de Télésat.»

Rappelons que la vente de la division satellitaire doit rapporter 3,2 G$.

«Les actionnaires ont raison de faire pression sur BCE pour qu'elle augmente sa dette afin de racheter des actions», prédit aussi la FBN dans sa note aux investisseurs.

Joseph MacKay prévoit par ailleurs que les données fondamentales des activités de BCE seront déterminantes pour l'entreprise en Bourse.

«À très court terme, écrit-il, nous croyons qu'il y a un risque que le marché se concentre sur les données du premier trimestre 2007, qui devraient montrer une perte de lignes résidentielles aux mains des câblodistributeurs (9,7% sur un an) et un taux plus élevé de départs dans le sans-fil étant donné la portabilité des numéros.»

Telus, une meilleure cible ?

Selon la Financière Banque Nationale, la rivale Telus semble plus intéressante comme cible pour une prise de contrôle ou pour simplement créer plus de valeur.

«Si nous nous trompons et que BCE est privatisée, écrivent les analystes dans leur note, Telus sera vue comme la cible logique de fusion et acquisition et son action en profitera. Mais si nous avons raison et que la privatisation n'a pas lieu, Telus surperformera parce que sa croissance est plus grande, avec moins de risque et une plus grande possibilité qu'elle augmente sa dette afin de racheter des actions.»

Selon Kevin Restivo, du Seaboard Group, Teachers a lancé une partie de relations publiques afin de faire monter la pression sur BCE. Mais attention; le régime ontarien n'a pas le poids nécessaire pour tout décider.

«Teachers détient seulement 5% des actions, ce qui n'est pas assez pour forcer la compagnie à bouger, souligne l'analyste. Elle peut faire des pressions à l'interne mais je ne crois pas que Teachers puisse fabriquer elle-même une transaction.»

Selon Joseph MacKay, de Valeurs mobilières Desjardins, il est certain que des pourparlers ont déjà eu lieu.

«Nous ne doutons pas que la compagnie a déjà eu de nombreux entretiens avec des acteurs du privé et avec son plus grand actionnaire, Teachers, dit-il. Toutefois, étant donné que la direction n'entend pas poursuivre de telles discussions et que BCE a racheté 4,5 millions d'actions en mars, nous croyons que la probabilité d'une transaction est relativement faible.»