Dubaï n'est pas une démocratie, loin de là. Ici, quand le gouvernement - soit le cheik Mohammed Bin Rashid Al Maktoum et son entourage - décide d'une chose, elle se produit. Sans délai ni débat.

Dubaï n'est pas une démocratie, loin de là. Ici, quand le gouvernement - soit le cheik Mohammed Bin Rashid Al Maktoum et son entourage - décide d'une chose, elle se produit. Sans délai ni débat.

Une bouffée d'air frais pour bien des Occidentaux, a-t-on constaté.

«Il y a un leader, le cheik Mohammed, c'est lui qui dirige tout, il a une vision pour les 15 prochaines années. C'est là qu'on s'en va. Il n'y a personne qui bitche, il n'y a pas d'opposition, il n'y a pas de syndicat, il n'y a pas de Greenpeace, il n'y a pas de chiâleux, il y a juste une direction», dit avec admiration Jacques Morin, actionnaire et gérant de restaurants à Dubaï.

Ce discours, La Presse Affaires l'a entendu presque quotidiennement à Dubaï. Ici, le «leader» et son prédécesseur, son frère mort au début de 2006, constituent des figures très respectées, pas tant pour leurs titres royaux que pour ce qu'ils ont accompli.

Réalisant que le pétrole et le gaz naturel - qui génèrent aujourd'hui environ 6% du PIB de Dubaï - ne dureraient pas éternellement, les dirigeants de l'émirat ont amorcé dans les années 1990 un vaste programme de diversification de l'économie. Ils ont entre autres misé sur le tourisme, le développement des infrastructures et l'industrie de la finance internationale. Avec un succès indéniable.

À Dubaï, les projets mettent peu de temps à voir le jour. Les travaux de construction de deux lignes de métro, annoncés en mars 2005, ont démarré sur les chapeaux de roue. Depuis, deux autres lignes ont été ajoutées au projet. On est loin des trois stations du métro de Laval

Cette rapidité d'exécution séduit bien des Occidentaux, incluant les quelque 6000 Canadiens qui vivent et travaillent dans l'émirat, en bonne partie des entrepreneurs et des cadres supérieurs.

Ivonne Martinez, ex-fonctionnaire du gouvernement fédéral canadien recyclée dans l'immobilier à Dubaï, n'en revient toujours pas du fossé idéologique qui sépare les deux États.

«Venant d'un pays ou la bureaucratie est si lourde, c'est très rafraîchissant de vivre ici et d'assister à cela, dit l'Albertaine. Si un projet doit être fait au Canada, le gouvernement va créer un comité, il y aura des consultations, et ensuite il y aura une autre élection, suivie de la création d'un nouveau comité.»

Les débats du genre sont plutôt rares à Dubaï, où il n'y a pas d'élections ouvertes aux citoyens, où la liberté de presse est très relative et où la censure fait partie du quotidien, notamment sur le Web.

Pas d'impôts

Au-delà d'un dynamisme économique indéniable, un autre facteur de taille attire les étrangers à Dubaï: l'absence quasi totale de taxes sur les revenus et sur les profits.

«La grande chose ici, c'est qu'il n'y a pas de taxes. Ce qui attire les Canadiens ici, c'est que vous avez une bonne qualité de vie, vous pouvez mettre de l'argent de coté, et quand vous revenez au Canada, vous pouvez payez votre maison», dit Dave Barette, directeur du centre de simulateurs de vols de la société montréalaise CAE à Dubaï.

Le Montréalais ne tarit pas d'enthousiasme sur la région et ses perspectives d'avenir. «Le leadership est incroyable ici. Le cheik Mohammed a une vision pour Dubaï qui est extraordinaire.»

Le boom économique de Dubaï crée des occasions d'affaires dans presque tous les secteurs de l'économie, et les entrepreneurs canadiens sont nombreux à vouloir leur part du gâteau. Les grands comme les petits.

Le géant SNC-Lavallin, par exemple, supervise le gigantesque projet d'agrandissement de l'aluminerie Dubal, un chantier qui mobilise 1800 travailleurs. La firme GSM Design a pour sa part hérité du contrat de conception d'un observatoire qui sera aménagé au 124e étage du gratte-ciel géant Burj Dubai. Toute une vitrine pour la société montréalaise.

Les occasions se multiplient, et il est maintenant plus facile pour les entreprises étrangères de se lancer en affaires depuis la création de zones franches. Auparavant, les entrepreneurs devaient nécessairement faire une coentreprise avec l'État pour s'incorporer à Dubaï, ce qui n'est plus obligatoire.

Dar Danesh, natif d'Ottawa, a choisi de lancer sa firme de consultation en ressources humaines dans une de ces zones franches. Un vrai jeu d'enfant, raconte-t-il.

«En fait, c'est très simple et direct, dit-il. La free zone a vraiment été conçue pour les gens d'affaires. Ce qu'il faut, c'est d'avoir déjà une compagnie existante. Par exemple, une compagnie canadienne aurait juste à prouver qu'elle est déjà incorporée au Canada.»

Les avantages par rapport à la coentreprise sont nombreux, poursuit le fondateur de Dansult, qui compte notamment CAE parmi ses clients. «Je suis seul à prendre toutes les décisions, il n'y a pas d'impôt sur le revenu, pas d'impôts sur les entreprises Les affaires sont bonnes.»