À trois semaines de Noël, une très mauvaise nouvelle s'abat sur les 325 employés de Pétromont, à Varennes et Montréal-Est.

À trois semaines de Noël, une très mauvaise nouvelle s'abat sur les 325 employés de Pétromont, à Varennes et Montréal-Est.

Le géant chimique Dow Chemical, du Michigan, un des deux propriétaires de Pétromont, vient de perdre patience.

Dans le cadre d'une restructuration mondiale pour améliorer sa rentabilité, qui va se traduire par la suppression de 1000 emplois (2,3% de son effectif), Dow Chemical a annoncé hier la radiation de son bloc de 50% des actions de Pétromont.

Les perspectives économiques de Pétromont sont «défavorables», selon Dow Chemical.

Le chiffre d'affaires de ses usines pétrochimiques peut en effet atteindre 800 millions de dollars, mais Pétromont ne fait pas de profits.

Autre tuile: le copropriétaire de Pétromont, la Société générale de financement du Québec (SGF), n'écarte pas non plus de devoir ramener à zéro la valeur de son bloc de 50%.

«La SGF prend acte de la décision de Dow et on verra quelle sera son incidence sur la valeur de son placement dans Pétromont», a déclaré à La Presse Affaires la porte-parole, Marie-Claude Lemieux.

«C'est une décision comptable de Dow», tout comme l'éventuelle de la SGF, ajoute Mme Lemieux.

«Cela n'a pas d'impact immédiat sur l'exploitation de Pétromont.»

«Ça n'annonce rien de bon pour les activités de Pétromont», réplique cependant Daniel Cloutier, représentant syndical et agent négociateur du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), en apprenant la décision de Dow.

«Là, un des propriétaires vient de nous rayer de ses livres. Si la SGF le fait aussi, Pétromont n'existera plus. Je ne suis pas sûr que Pétromont aurait les liquidités pour maintenir son exploitation» et assumer ses pertes, ajoute Daniel Cloutier.

Problèmes d'approvisionnement

Pétromont va-t-elle si mal? «Ce n'est pas facile pour le secteur pétrochimique», reconnaît Marie-Claude Lemieux.

Pétromont connaît des problèmes d'approvisionnement à faibles coûts depuis plusieurs années, selon Daniel Cloutier.

De plus, l'entreprise exploite des usines relativement petites par rapport à celles de Dow, souvent intégrées à de gros complexes chimiques.

Elle doit donc supporter des frais supplémentaires pour son siège social et ses vendeurs, ajoute le représentant de 175 syndiqués du SCEP, affilié à la FTQ.

Malgré tout, «Pétromont n'a pas encore parlé de fermeture, mais là, le SCEP va commencer à s'inquiéter de ça, assure Daniel Cloutier. Les parties sont déjà en mode survie. Il y a déjà eu plusieurs réouvertures de conventions collectives. Le SCEP va devoir se pencher là dessus tout de suite».

«Ça ne change rien pour l'exploitation de Pétromont, assure pourtant son porte-parole, Louis Rail. Dow n'a pas dit de fermer, mais c'est sûr qu'on n'aime pas» sa radiation.

Louis Rail refuse de préciser les pertes de Pétromont. «Ce n'est pas une de nos meilleures années, parce que le pétrole coûte cher et que le dollar canadien a monté».

Chacun des propriétaires doit assumer sa part des pertes de Pétromont, mais cesserait de le faire après la radiation.

Pétromont exploite deux ex-usines de Gulf et d'Union Carbide et produit du polyéthylène pour approvisionner ses clients nord-américains en granules de plastique, dit Louis Rail.

Les décisions de Dow lui permettront d'économiser à l'avenir 180 M$ US par année, et vont dans l'immédiat le contraindre à passer une charge comprise entre 500 et 600 M$ US dans ses comptes du quatrième trimestre, selon un communiqué publié par l'entreprise.

«L'annonce d'aujourd'hui traduit notre détermination à tailler dans les activités qui ne dégagent pas une rentabilité appropriée (...) pour libérer des fonds propres et des ressources qui seront redirigés vers des activités rentables en croissance», a expliqué le PDG, Andrew Liveris.

Dow emploie quelque 43 000 personnes dans le monde.