Deux cabinets d'avocats canadiens figurent dans les 20 premiers au monde pour leur participation comme conseillers juridiques dans des fusions et acquisitions à l'échelle internationale, selon un classement du premier trimestre 2007 de Thomson Financial.

Deux cabinets d'avocats canadiens figurent dans les 20 premiers au monde pour leur participation comme conseillers juridiques dans des fusions et acquisitions à l'échelle internationale, selon un classement du premier trimestre 2007 de Thomson Financial.

McCarthy Tétrault et Blake, Cassels & Graydon (Blakes) se hissent en effet respectivement aux 9e et 19e rangs mondiaux pour ce qui est de la valeur des transactions auxquelles ils ont participé, n'étant devancés que par des cabinets américains et britanniques.

De janvier à mars, plus de 9200 entreprises ont changé de mains dans le monde, estime Thomson Financial. La valeur totale de ces gigantesques transactions atteint plus de 1100 milliards de dollars US, en hausse de 27 % par rapport au premier trimestre de 2006.

Au coeur de ces transactions gigantesques : les avocats, qui bien souvent travaillent dans l'ombre, mais qui profitent largement de la mondialisation.

«C'est une période faste pour les avocats», admet sans détour Clemens Mayr, associé du groupe du droit des affaires, au bureau montréalais de McCarthy. Maître Mayr est un spécialiste en financement des entreprises, financement international et en fusions et acquisitions.

McCarthy Tétrault est le premier cabinet au Canada, avec 803 professionnels, selon le dernier recensement du journal Les Affaires. Pour les trois premiers mois de 2007, ses avocats ont participé à 26 transactions internationales, totalisant la rondelette somme de 76,895 milliards de dollars US.

Sullivan & Cromwell, de New York, devance tous ses concurrents internationaux, ayant participé à des transactions dont la valeur dépasse les 162 milliards de dollars américains.

Cette année, les juristes de McCarthy ont déjà représenté Abitibi-Consolidated, lors de son acquisition annoncée par l'américaine Bowater, une transaction estimée à 4,3 milliards de dollars US.

Ils sont également du côté de LionOre, en voie d'être acquise par Xstrata, pour un montant de 4 milliards US. Enfin, ils représentaient le duo Golman Sachs/Canwest pour son achat de Alliance Atlantis, au coût de 2,2 milliards US.

Si McCarthy fait bonne figure dans les activités de fusions & acquisitions internationales, c'est avant tout en raison de son vaste réseau et de celui de ses avocats, estime Clemens Mayr.

«Nos avocats sont bien branchés dans les plus importants centres financiers du monde», dit-il.

Des bureaux partout dans le monde

McCarthy Tétrault possède des bureaux dans toutes les grandes villes canadiennes, mais aussi à Londres et à New York. Mais il n'est pas seul à tabler sur l'international.

Presque tous les grands cabinets canadiens ont aujourd'hui pignon sur rue dans les grandes métropoles de la planète.

Stikeman Elliott possède des bureaux à Londres, New York, et Sydney, en Australie. Davies Ward Phillips & Vineberg, où travaille l'ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, est installé à New York, et à Paris.

Ogilvy Renault est présent à Londres depuis près de 20 ans. Fasken Martineau est établi à New York, à Johannesburg, en Afrique du Sud, et vient tout juste de fusionner avec un cabinet de Londres. Et Osler Hoskin & Harcourt, coprésidé par l'ancien PDG d'Imasco, Brian Levitt, vient de doubler ses effectifs à New York.

Quant à Blakes, le cabinet est présent à Londres, New York et Chicago, mais aussi à Pékin, en Chine, avec six avocats. Le site Web de Blakes est d'ailleurs trilingue, avec une version chinoise!

En Chine, Blakes conseille à la fois des entreprises canadiennes désireuses de percer le marché chinois ainsi que des sociétés chinoises voulant investir à l'étranger.

En 2005, par exemple, le cabinet a représenté la chinoise Sinopec International Petroleum Exploration and Production, dans le cadre de la négociation d'une prise de participation de 105 millions CAN dans le projet de sables bitumineux Northern Lights, dans le nord-est de l'Alberta.

«Nous dépensons beaucoup d'argent pour développer notre réseau international», dit Craig Thorburn, associé au groupe des fusions et acquisitions de Blakes, à Toronto.

Depuis 2004, cet avocat a représenté de nombreuses entreprises, notamment la Brasserie Labatt dans son offre d'achat de Lakeport Brewing Income Fund, ou la néerlandaise Akzo Nobel dans son acquisition de la québécoise Sico.

De janvier à mars, les avocats de Blakes ont participé à 40 transactions internationales, pour une valeur totale de 45,4 milliards US, toujours selon Thomson Financial. Raison de ce succès? «Je passe mes journées en avion!», dit Craig Thorburn.

Un jour à Paris, la semaine suivante à São Paulo, Craig Thorburn est devenu un baroudeur du monde. Il traque les banquiers d'affaires (investment bankers) et les cabinets juridiques internationaux pour y établir des contacts. Normal, mis à part leurs clients réguliers, c'est souvent par eux que les cabinets obtiennent des mandats.

Ainsi, lorsqu'une société étrangère veut investir au Canada, elle passe d'abord par son propre cabinet d'avocats; ce dernier contacte ensuite un cabinet canadien. Les avocats ont donc tout intérêt à tisser des liens serrés avec leurs collègues étrangers.

Des avocats proactifs!

Ces temps-ci, les avocats font également de l'oeil aux fonds d'investissement de capital privé, les Teachers, KKR, Blackstone Group et Bain Capital de ce monde.

Pour le premier trimestre de 2007, ces fonds ont déjà allongé près de 200 milliards de dollars pour avaler des entreprises; pour les avocats, cela représente des millions de dollars en honoraires.

L'automne dernier, rapporte le Globe and Mail, une équipe de McCarthy Tétrault s'est même rendue à New York, après que le ministre des Finances canadien, Jim Flaherty, eut annoncé son intention de mettre fin aux avantages fiscaux des fiducies de revenu.

L'objectif? Alerter ces fonds géants de la possibilité d'acquérir des fiducies à rabais.

Parfois, les avocats se substituent carrément aux banquiers d'affaires; ils initient les «deals». C'est arrivé avec la chaîne de magasins Dollarama. Ses dirigeants voulaient vendre, mais ne savaient pas à qui. Jusqu'à ce que leur cabinet d'avocats, Davies Ward Phillips & Vineberg (DWPV), leur dégote un acheteur.

«On a trouvé l'acheteur, et on a négocié le meilleur prix de vente pour nos clients», explique l'associé-directeur du bureau montréalais de DWPV, Pierre-André Themens.

Résultat: En novembre 2004, Dollarama a été avalé par le fonds américain Bain Capital pour une somme de 1,05 milliard de dollars!