L'investisseur trublion de General Motors, le milliardaire Kirk Kerkorian, a renoncé vendredi à augmenter sa participation dans le capital du constructeur automobile et a retiré son bras droit du conseil d'administration, faute d'avoir pu imposer son projet d'alliance avec Renault-Nissan.

L'investisseur trublion de General Motors, le milliardaire Kirk Kerkorian, a renoncé vendredi à augmenter sa participation dans le capital du constructeur automobile et a retiré son bras droit du conseil d'administration, faute d'avoir pu imposer son projet d'alliance avec Renault-Nissan.

Deux jours après l'échec des négociations avec le groupe franco-japonais, M. Kerkorian, ou plus exactement sa société d'investissement Tracinda, a indiqué qu'il avait "décidé de ne pas chercher à acquérir plus d'actions General Motors".

Tracinda a aussi laissé planer la menace d'un désengagement plus marqué en indiquant qu'elle pourrait décider "d'acquérir ou de vendre des actions supplémentaires", selon un document soumis au régulateur boursier américain SEC.

Après cette annonce, le cours de GM perdait 4,92% à 31,50 dollars à la bourse de New York vers 17H30 GMT.

Cette annonce tire un trait spectaculaire sur les projets affichés fin septembre encore par Tracinda, qui envisageait d'acquérir de 6 à 12 millions d'actions GM supplémentaires. Cela aurait fait passer sa participation dans le capital du constructeur automobile de 9,9% à 12% environ.

Mais la décision de Tracinda vient logiquement conclure l'aventure malheureuse menée par M. Kerkorian au sein de GM, puisque malgré ses efforts répétés, le milliardaire n'a jamais réussi à convaincre la direction du constructeur américain des bienfaits d'une alliance avec Renault et Nissan.

Tracinda a pris sèchement note de cet échec en soulignant que "le 4 octobre, General Motors a abruptement annoncé la fin des négociations sur une alliance avec Renault et Nissan, avant la fin du délai prévu à l'origine (...) et sans que le conseil d'administration ait obtenu une évaluation indépendante de l'alliance".

M. Kerkorian, 89 ans, avait en vain plaidé pour un audit indépendant du projet d'alliance.

Aussi Jerome York, fidèle conseiller de Kerkorian pour ses investissements dans l'automobile et représentant de Tracinda chez GM, a-t-il démissionné de ses fonctions au conseil d'administration du constructeur.

"J'ai soumis à General Motors ma démission de son conseil d'administration et j'ai remis à l'entreprise une lettre expliquant les raisons de ma démission", a indiqué M. York dans une lettre fournie en annexe des documents à la SEC.

En quelques années, M. Kerkorian avait placé peu à peu ses pions chez GM, entrant dans le capital du numéro un de l'automobile, puis négociant un siège au conseil d'administration pour Jerome York avant de lancer en juin dernier l'idée d'une alliance avec Renault et Nissan.

Le patron du groupe franco-japonais, Carlos Ghosn, s'était engouffré dans la brèche en acceptant de discuter avec Rick Wagoner, mais ce dernier avait réservé un accueil plutôt tiède au projet.

General Motors se débat avec une série de problèmes --perte de parts de marché au profit des Asiatiques, poids des salaires, obsolescence de la gamme-- qui ont entraîné la mise en oeuvre d'un vaste programme de restructuration et M. Wagoner estime que c'est là le chantier prioritaire pour GM aujourd'hui.

General Motors s'est refusé à faire tout commentaire vendredi.

Mais avant même l'annonce de Tracinda, les analystes estimaient que l'échec des discussions avec Renault-Nissan allait sans doute inciter M. Kerkorian à augmenter la pression sur GM et à réclamer une accélération et un approfondissement du plan de restructuration déjà engagé.

Les progrès des Asiatiques pourraient condamner GM à perdre prochainement sa place de premier mondial au profit de Toyota. C'est un argument de plus pour Kirk Kerkorian dans son offensive contre la direction actuelle du groupe.

cg/aa/ces