L'ombre du fonds d'investissement américain Kohlbert Kravis Roberts (KKR) plane au-dessus des Services technique Air Canada (ACTS), ce qui inquiète les syndiqués de l'entreprise de maintenance d'avions.

L'ombre du fonds d'investissement américain Kohlbert Kravis Roberts (KKR) plane au-dessus des Services technique Air Canada (ACTS), ce qui inquiète les syndiqués de l'entreprise de maintenance d'avions.

Citant une «source de l'industrie», le Globe and Mail a rapporté mercredi que KKR était intéressé à acquérir une partie d'ACTS.

«Je m'interroge sur les motifs de KKR, déclare Jim Coller, président du district 140 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA). Ils n'ont pas d'expérience dans le domaine de l'aviation. Que veulent-ils faire?»

Il compare la situation à ce qui se passe dans l'industrie de l'automobile depuis quelque temps, avec une présence de plus en plus visible des grands fonds d'investissement privés.

«Où vont-ils amener l'industrie?»

Selon le Globe and Mail, le fonds d'investissement de New York serait en concurrence avec trois autres entreprises: la division de maintenance de la société allemande Lufthansa, une société étrangère non identifiée et une société canadienne, Onex Corporation. Ni KKR, ni Lufthansa, ni Onex, n'ont voulu faire de commentaires.

«Je suppose que je préférerais une société aérienne qui soit déjà dans le domaine et qui chercherait à prendre de l'expansion», déclare M. Coller.

Le président de la section locale 1751 de l'AIMTA, Marcel St-Jean, émet cependant certaines réserves.

«Lufthansa a la réputation de bien traiter ses employés, mais par contre, elle pourrait acheter ACTS dans le but de transférer le travail en Allemagne, avance-t-il. À ce moment-ci, tous ce que nos membres désirent, c'est de garder leurs emplois et les avantages sociaux qu'ils avaient autrefois.»

Gestion ACE, société mère d'ACTS, entend vendre une partie de l'entreprise de maintenance d'ici quelques semaines.

«Nous avons toujours dit que nous n'avions pas l'intention de vendre toute l'entreprise, a déclaré le président et chef de la direction de Gestion ACE, Robert Milton, dans une téléconférence vendredi dernier. Nous pensons qu'avec le bon partenaire, nous pourrons faire croître cette entreprise et nous voulons participer à sa croissance comme nous l'avons fait avec les autres entreprises que nous avons inscrites en Bourse.»

Gestion ACE a ainsi transformé deux de ses filiales, Aeroplan et Jazz, en fonds de revenu. Elle est en voie de réduire sa participation dans ces deux entité, la faisant passer de 40,1% à 31,1% dans Aeroplan et de 58,8% à 49% dans Jazz.

Gestion ACE pourrait conserver une position de contrôle dans ACTS, mais les syndiqués demeurent inquiets.

«La sécurité d'emploi est probablement la première préoccupation», déclare M. Coller.

En théorie, la convention collective suivra les employés. En pratique, certaines garanties en fait de sécurité d'emploi pourraient perdre toute leur force. M. Coller a expliqué qu'à l'heure actuelle, Air Canada était tenue de faire effectuer la maintenance de ses avions dans les installations d'ACTS. Que se passera-t-il quand ACTS ne sera plus une filiale à propriété exclusive?

«Ils pourront tirer avantage de cette situation lors de la négociation d'une nouvelle convention collective, ou sous-contracter cet ouvrage au détriment de nos employés», déplore M. Coller.

Le syndicat des employés est inquiet. Il y a quelques mois, ACTS a perdu un contrat de maintenance des appareils de Delta, ce qui a entraîné la perte de 700 employés à Vancouver. ACTS compte maintenant 300 employés à Vancouver, 625 à Winnipeg, 50 en Ontario et 2125 à Montréal, sa principale place d'affaires.

M. St-Jean indique que le syndicat a tenté d'obtenir une copie des documents d'information envoyés aux acquéreurs potentiels pour avoir une idée de ce qui se trame.

«C'est notre savoir-faire qu'ils sont en train de vendre, déclare-t-il. Nous voulons savoir à quel prix, qu'est-ce qui va se passer avec les pensions, avec l'ancienneté, avec la convention collective.»

Gestion ACE a refusé la requête du syndicat et la question s'est retrouvée devant un arbitre mercredi à Toronto.