Kruger a annoncé vendredi l'interruption des activités de quatre scieries et d'un atelier au Québec. La société papetière invoque des conditions défavorables qui prévalent actuellement sur le marché nord-américain du bois d'oeuvre.

Kruger a annoncé vendredi l'interruption des activités de quatre scieries et d'un atelier au Québec. La société papetière invoque des conditions défavorables qui prévalent actuellement sur le marché nord-américain du bois d'oeuvre.

Les scieries de Parent, en Haute-Mauricie, et de Launay, en Abitibi, fermeront le 5 avril prochain pour une période indéterminée.

Sur la Côte-Nord, les scieries de Ragueneau et de Forestville, ainsi que l'atelier de séchage et de rabotage de Longue-Rive cesseront leurs activités à compter du 29 juin, également pour une période indéterminée.

Ces fermetures affecteront 1027 travailleurs en usine et en forêt, soit 233 à Parent, 170 à Launay et 624 sur la Côte-Nord.

Le vice-président aux affaires publiques de la société, Jean Majeau, s'est dit désolé des conséquences que cette décision entraîne pour les employés.

Il explique que les conditions actuelles du marché, marquées notamment par un ralentissement de la demande, une baisse importante des prix de vente des produits et la vigueur du dollar canadien ne laissent aucun autre choix à Kruger.

M. Majeau fait valoir que l'entreprise produit actuellement à perte alors que le coût de production dépasse le prix de vente des produits.

«Nous subissions des pertes financières importantes à tous les mois, a-t-il expliqué. Nous avons été patients, nous avions beaucoup d'espoir de voir les conditions du marché s'améliorer, mais au cours des dernières semaines, elles se sont détériorées encore davantage.»

Il note que le nombre de mises en chantier aux Etats-Unis est à un niveau historiquement faible et que la demande est tellement anémique que le prix du bois d'oeuvre, déjà faible l'an dernier à 373 $ US pour 1000 pieds linéaires, a chuté à 283 $ US, soit un recul insoutenable de 24 %.

La société espère qu'un redressement des conditions actuelles du marché lui permettra éventuellement de reprendre ses activités.

M. Majeau avertit cependant que l'avenir des scieries de la Côte-Nord demeurera incertain même si le marché américain devait se redresser. Il souligne que Kruger s'est vu imposer une réduction de 42 % de son approvisionnement forestier à compter du mois de mars 2008.

Une telle restriction d'approvisionnement représente à elle seule une menace pour le maintien des activités de Kruger sur la Côte-Nord.

Le président du syndicat des travailleurs de la scierie Manic de Ragueneau, Robert Dugas, souhaite pour sa part que le gouvernement du Québec puisse intervenir pour offrir de la formation aux travailleurs. Il rappelle que le secteur forestier crie à l'aide depuis trois ans mais que rien de significatif n'a été fait.

«Il y en a beaucoup qui pensent se chercher du travail ailleurs, a-t-il expliqué. Mais juste sur la Côte-Nord, on parle de 500 ou 600 emplois qui disparaissent. €a fait beaucoup de monde sur le marché du travail.»

Mais à Québec, la nouvelle n'a pas entraîné de réaction de la part du gouvernement de Jean Charest. Ni le cabinet du ministre du Développement économique, Raymond Bachand, ni celui de la ministre de l'Emploi et de la solidarité sociale, Michelle Courchesne, n'ont voulu commenter les fermetures.

Du côté de l'opposition, le chef du Parti québécois, André Boisclair, s'est montré inquiet et a réclamé du premier ministre Charest qu'il présente dans son prochain budget un plan pour accélérer la réduction de la taxe sur le capital, de manière à «relancer le secteur manufacturier».

Le maire de Ragueneau et préfet de la MRC de Manicouagan, Georges-Henri Gagné, qualifie pour sa part ces nouvelles de dramatiques. Il estime qu'un aussi grand nombre de nouveaux chômeurs affectera l'ensemble de l'économie régionale.