Pour la Bourse de Toronto, l'avènement des «systèmes alternatifs de transactions», ou ATS, est de mauvais augure.

Pour la Bourse de Toronto, l'avènement des «systèmes alternatifs de transactions», ou ATS, est de mauvais augure.

Du moins, à juger l'expérience d'autres bourses comme New York et Nasdaq aux États-Unis, ainsi que certains marchés d'Europe.

«La seule bourse Nasdaq, par exemple, a perdu à des ATS presque la moitié des transactions sur les principaux titres qui y sont cotés. La Bourse de New York, aussi, perd du volume», indique Doug Harris, directeur, recherche et stratégie, de la firme RS (Market Regulation Services).

Il s'agit d'une surveillante boursière détenue par l'ACCOVAM (Association canadienne des courtiers de valeurs mobilières) et le Groupe TSX, qui gère la Bourse de Toronto.

Pour Laurence Booth, professeur en finances et marchés boursiers à l'École de gestion Rotman de l'université de Toronto, «l'émergence des ATS est une menace réelle pour toutes les bourses.»

Et Toronto?

«Elle risque la marginalisation si ces ATS accaparent une part significative du marché des actions de grandes entreprises cotées à Toronto, surtout celles de l'indice S&P/TSX 60 qui sont aussi cotées à New York ou au Nasdaq», selon M. Booth.

Néanmoins, il estime que le Groupe TSX a démontré jusqu'à maintenant une «stratégie adéquate» pour maintenir sa compétitivité.

«La Bourse de Toronto a une meilleure dynamique technologique et commerciale qu'à New York, à mon avis. Elle m'apparaît donc en meilleure posture pour contrecarrer les ATS».

Entre autres, TSX peaufine une nouvelle plate-forme informatique de transactions, baptisée Quantum, prévue pour l'an prochain.

Ce projet de 20 M$ en trois ans cible un gros gain de capacité transactionnelle, tout en réduisant le délai des transactions de plus de moitié à quelques millisecondes.

Aussi, la Bourse de Toronto a déjà réduit ses tarifs de transactions pour demeurer concurrentielle, d'environ 16% depuis un an.

Les écarts de frais avec les ATS sont souvent minimes, d'à peine quelques cents par action. Mais ils deviennent importants pour les gros investisseurs qui veulent transiger rapidement des lots de dizaines ou de centaines de milliers d'actions.

Par ailleurs, TSX prépare son propre ATS, qui cible des transactions de blocs d'actions entre les gros intervenants de marché.

Ces transactions seront aussi anonymes pour les vendeurs et les acheteurs, sauf pour les autorités réglementaires.

Cet anonymat pourrait attirer les gestionnaires de gros portefeuilles boursiers comme la Caisse de dépôt et placement du Québec et son vis-à-vis fédéral, l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (RPC).

Par leur taille, ces investisseurs institutionnels peuvent influencer exagérément la valeur d'un titre lors de leurs transactions, dès que leur identité est connue.

Toutefois, ce projet d'ATS de la Bourse de Toronto, nommé « ATX », éprouve déjà une bonne année de retard.

Assez pour laisser encore la voie libre à des concurrents...