Un des patrons de l'Industrielle Alliance vient de quitter l'entreprise à la suite de révélations troublantes liées à l'affaire Norbourg, a appris La Presse Affaires.

Un des patrons de l'Industrielle Alliance vient de quitter l'entreprise à la suite de révélations troublantes liées à l'affaire Norbourg, a appris La Presse Affaires.

Gaétan Plante, président de l'Industrielle Alliance Valeurs mobilières, a quitté l'entreprise lundi dernier.

Il aurait démissionné de son poste à la suite d'un reportage de l'hebdomadaire Finance et Investissement sur certains agissements douteux liés à Norbourg, Junex et une caisse de retraite Suisse.

L'article rapporte une enquête en Suisse selon laquelle Gaétan Plante aurait versé une «commission secrète» à deux ex-dirigeants de la Caisse de retraite du personnel enseignant du Canton de Valais (CRPE), en Suisse. La CRPE a été mis sous tutelle après que des pratiques douteuses lui eurent fait perdre des millions de dollars.

Gaétan Plante est un pionnier des valeurs mobilières à Québec. C'est lui qui a mis au monde la division des valeurs mobilières de l'Industrielle, en 2002. Il avait été précédemment président du Groupe Dubeau valeurs mobilières, également de Québec. Il est remplacé par Lise Douville, qui était jusque-là vice-présidente principale de l'Industrielle Alliance Valeurs mobilières.

Selon Finance et Investissement, certaines des transactions sous enquête à la CRPE portent sur l'achat de titres de la société d'exploration pétrolière Junex, de Québec. Ces titres achetés par le CRPE en 2001 ont été revendus plus tard à Norbourg.

Pour faire investir la CRPE dans Junex, deux dirigeants de la CRPE ont exigé et obtenu une «commission secrète», selon Finance et Investissement. Cette rétribution aurait été accordée par Gaétan Plante. Elle est constituée de 50 000 titres de la société Junex, versés aux dirigeants George Bonvin et Philippe Herzog, de la CRPE. Finance et Investissement cite le rapport et les interrogatoires des policiers suisses.

En 2002, le CRPE a revendu ses titres de Junex à Norbourg pour la somme de 240 000 $. Gaétan Plante a alors exigé une commission de 80 000 $ à Norbourg pour avoir agi comme intermédiaire entre Norbourg et le CRPE, a affirmé Vincent Lacroix, de Norbourg, lorsque interrogé par un syndic, l'automne dernier.

Cette commission de 80 000 $ aurait été partagée avec les deux dirigeants du CRPE, soutient Finance et Investissement. Dans cette affaire, ni l'Industrielle Allance, ni Junex, ni Norbourg ne sont soupçonnées.

Selon le porte-parole de l'Industrielle Alliance, Jacques Carrière, M. Plante n'a pas été congédié, il a plutôt remis sa démission.

«À la suite de l'article, le conseil d'administration de l'Industrielle Alliance Valeurs mobilières s'est réuni et a demandé un avis au service juridique de l'entreprise. L'organisation n'a pas eu besoin de terminer son enquête, car M. Plante a décidé de quitter la compagnie», a expliqué M. Carrière.

Gaétan Plante n'a pas toujours eu la partie facile à l'Industrielle. L'an dernier, il a acheté les restes de la firme iForum valeurs mobilières, une des organisations fermées par l'AMF à la suite du scandale Mount Real.

Deux des anciens dirigeants de iForum, Yves Mechaka et Enrico Bruni, avaient alors passé sous le joug de l'Industrielle.

Mais en janvier dernier, l'AMF a déposé des accusations contre ces deux représentants, entre autres, qui ont plus tard démissionné de l'Industrielle Alliance Valeurs mobilières.

Un autre scandale a donné du fil à retordre à M. Plante, celui de la firme Ionian, dont le président, Stratos Gavriil, a été reconnu coupable de fraude.

Le mois dernier, un juge a ordonné à l'Industrielle de remettre au syndic Richter l'équivalent de 8 millions de dollars d'actions du Groupe TSX que détenait l'Industrielle pour le compte de Ionian. Il a fallu trois ans au syndic pour prouver que ces actions revenaient bien aux investisseurs floués dans cette affaire.

Or, les actions ont été remises, mais Gaétan Plante a refusé de remettre pour 900 000 $ de dividendes, prétextant notamment que l'Industrielle retient ce montant pour des frais juridiques et de gestion, notamment. Le syndic Richter pourrait entamer des procédures judiciaires musclées dès la semaine prochaine.

La Presse Affaires a tenté de joindre Gaétan Plante, mais sans succès. Avant de quitter l'Industrielle, il avait laissé ses commentaires au porte-parole de l'Industrielle, Jacques Carrière.

«M. Plante, qui est dans le métier depuis près de 40 ans, s'est senti blessé par l'article de Finance et Investissement. Il a un sentiment de profonde injustice», nous a dit M. Carrière.