La baisse de la productivité et le ralentissement de l'économie créent la pire combinaison depuis plus d'une décennie aux États-Unis.

La baisse de la productivité et le ralentissement de l'économie créent la pire combinaison depuis plus d'une décennie aux États-Unis.

Et cela risque d'assombrir les profits des entreprises et la performance des Bourses, indique une étude menée par la Financière Banque Nationale.

«On a franchi un tournant dans le cycle économique actuel au niveau des marges bénéficiaires, dit Yanick Desnoyers, économiste principal. Les profits des entreprises reculent et cela pose un risque pour les marchés boursiers.»

Pour le moment, précise-il, on pourrait assister à une récession des profits sans qu'il y ait une récession de l'activité économique en général.

«Chaque fois, les gains de productivité ont nettement ralenti et les coûts unitaires de main-d'oeuvre ont augmenté plus vite que les prix de ventes, comme en ce moment, souligne le spécialiste. Et chaque fois, les marges de profit ont été prises en tenaille.»

Au cours des 50 dernières années, cette situation ne s'est produite que trois fois: en 1966, en 1986 et en 1997.

Du coup, que s'est-il passé en Bourse?

En 1966, rappelle Yanick Desnoyers, les marchés ont chuté de 20 % durant cette période.

En 1986, la Bourse américaine n'a pas réagi sur le coup mais elle s'est effondrée un an plus tard, lors du krach d'octobre 1987.

En 1997, le marché a poursuivi sur sa lancée jusqu'en mars 2000 en raison de la bulle des technologies.

«C'est difficile de prévoir ce qui va arriver car nous avons seulement trois observations, dit-il. Et là-dessus, deux d'entres-elles concernent des événements spéciaux.»

Cela dit, il pense quand même que les marchés boursiers vont reculer par rapport à leurs niveaux actuels.

«Je ne serais pas surpris de voir les indices perdre plusieurs points de pourcentage d'ici la fin de l'année», avance l'économiste.

La Financière Banque Nationale prône une répartition sectorielle prudente pour protéger les portefeuilles contre un repli de marché, peut-on lire dans Le mensuel boursier de mai.

Le courtier reste «méfiant» par rapport aux secteurs cycliques, comme ceux de l'énergie (pétrole et gaz), des matériaux (mines et métaux) et des produits industriels.

Yanick Desnoyers remarque que le «régime du moteur de l'économie américaine baisse.»

Selon lui, le produit intérieur brut (PIB) américain progresse deux fois moins vite qu'au cours de la période de 1996 à 2005 (si on exclu la courte récession de 2001).

«Et c'est la même chose pour la croissance de la productivité de la main-d'oeuvre», signale-t-il.

Avec les entreprises qui «hésitent à doper leurs dépenses d'investissement en machines et matériel, le miracle américain de la productivité, commencé en 1995, semble malheureusement tirer à sa fin».

Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour les entreprises américaines.

«La dernière fois que la productivité n'a progressé qu'au rythme actuel, soit en 1997, l'économie tournait beaucoup plus rondement, à hauteur de 4 % plutôt que de 2 %», dit l'économiste.

Ce faisant, les ralentissements de la productivité et de l'économie «risquent fort» d'agir sur la croissance des bénéfices.

Déjà, les données des comptes nationaux montrent que les profits des entreprises non financières sont en recul pour deux des trois derniers trimestres.

«La dynamique des bénéfices des sociétés américaines semble donc être entrée dans une nouvelle phase, l'ascension fulgurante étant chose du passé», dit Yanick Desnoyers.

Au Canada, le scénario n'est pas le même.

Le prix des matières premières, incluant les métaux et le pétrole, reste élevé.

«Ce n'est pas clair qu'on se dirige vers une récession des profits, dit l'économiste. La demande intérieure est robuste et l'économie continue à progresser.»