Le gouvernement fait toujours des jaloux en distribuant l'aide financière au Québec, conduisant au sempiternel affrontement entre Montréal et les régions. Toujours? Non. La Fédération des chambres de commerce du Québec a qualifié hier la répartition de cette aide d'" équitable "... un avis que ne sont pas prêts à partager tous les entrepreneurs.

Le gouvernement fait toujours des jaloux en distribuant l'aide financière au Québec, conduisant au sempiternel affrontement entre Montréal et les régions. Toujours? Non. La Fédération des chambres de commerce du Québec a qualifié hier la répartition de cette aide d'" équitable "... un avis que ne sont pas prêts à partager tous les entrepreneurs.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) représente 164 chambres de commerce au Québec. De Gaspé à Montréal en passant par Sherbrooke, l'organisme a examiné en détail tout ce que distribue le gouvernement provincial en crédits d'impôt, dépenses et interventions diverses aux entreprises. Verdict: ceux qui trouvent l'herbe plus verte chez le voisin devraient regarder dans leur cour.

" Globalement, la répartition de l'aide entre les régions est équitable ", tranche l'organisme. Selon la FCCQ, chacun trouve son compte dans la distribution du gouvernement. Si les crédits d'impôt pour la recherche et développement prennent massivement le chemin de Montréal (dans une proportion de 66 %), les régions, sans surprise, s'accaparent des crédits pour les régions ressources.

" En résumé, lorsqu'on dresse un portrait d'ensemble de la situation, nous réalisons que l'aide gouvernementale répond aux caractéristiques économiques de chaque région et que, tout bien considéré, il n'y pas de distorsion majeure dans la répartition de l'aide accordée ", a déclaré la présidente-directrice générale de la FCCQ, Françoise Bertrand.

Le constat de la FCCQ n'a pas convaincu tout le monde. Sans avoir pris connaissance de l'étude en profondeur, Jean-Michel Laurin, coprésident et directeur général des Manufacturiers et exportateurs du Québec, s'est tout de même montré sceptique face à la " répartition équitable " constatée par l'organisme.

" Quand on descend sur le plancher des vaches et qu'on va voir une entreprise dans un secteur bien donné par rapport à une autre entreprise bien réelle, c'est là qu'on se rend compte qu'il peut y avoir d'énormes distorsions ", dit-il, tenant tout de même à souligner " l'éclairage intéressant " qu'apportera le document de la FCCQ.

La position de M. Laurin, c'est celle du " terrain de jeu égal pour tout le monde ". " Certaines mesures d'aide sont nécessaires, mais on préfère qu'elles soient moins utilisées pour, en contrepartie, réinvestir l'argent en réduction d'impôt. Cela crée un environnement d'affaires globalement plus compétitif ", a-t-il dit à La Presse Affaires.

Ces propos rejoignent la position historique de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, qui n'a pas voulu commenter l'étude de la FCCQ, hier.

Dans la catégorie des mythes qui tombent, l'étude de la FCCQ révèle que la région de Montréal-Laval n'est ni la plus grande bénéficiaire des investissements en infrastructures, ni celle qui accapare le gros des mesures de financement lorsqu'on tient compte de sa population et de sa contribution au produit intérieur brut (PIB) québécois.

" Il était temps, au Québec, de poser un diagnostic global sur l'aide financière gouvernementale, constate Françoise Bertrand, de la FCCQ. Chaque région peut maintenant voir comment elle se positionne et se dire Est-ce qu'il y a des gestes qu'on pourrait poser pour que notre développement économique soit plus énergique ".

En tête de ceux qui se poseront des questions se trouvent les entrepreneurs de la région de Québec. La Capitale Nationale, qui compte 8,8 % de la population et produit 9,3 % du PIB québécois, ne rafle que 7,3 % des investissements en recherche et développement et n'a touché que 30 millions du 1,1 milliard d'investissements approuvés par Investissement Québec entre 2002 et 2005. La FCCQ parle d'utilisation " très parcimonieuse " des mesures fiscales et des autres programmes de l'État, voire d'une " véritable sous-utilisation de ces outils ".

Selon la FCCQ, le gouvernement du Québec distribue quelque 6,7 milliards en aide aux entreprises chaque année, dont 70 % en mesures fiscales.

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