L'achat du géant des télécoms BCE (T.AL) par le fonds de retraite Teachers et ses partenaires créera une dette énorme qui préoccupe des analystes de titres de dette.

L'achat du géant des télécoms BCE [[|ticker sym='T.AL'|]] par le fonds de retraite Teachers et ses partenaires créera une dette énorme qui préoccupe des analystes de titres de dette.

Selon la firme DBRS de Toronto, le bilan de BCE pourrait se retrouver alourdi d'au moins 26 milliards de dette additionnelle.

Un tel fardeau financier, en plus d'une dette courante de 16 milliards de BCE comprise dans le rachat par Teachers, provoquera une «détérioration substantielle» du crédit de la société de télécoms.

Néanmoins, hier, l'action de BCE a gagné 2,3 %, ou 91 cents, à 41,25 $ à la Bourse de Toronto.

«Les multiples financiers de BCE seraient beaucoup plus élevés qu'ils ne le sont actuellement. Et ce profil financier plus risqué serait alors typique des titres de dette les plus spéculatifs sur le marché», écrit la firme DBRS, dans une note distribuée mardi dans le milieu financier de Bay Street.

«Une telle somme de dette spéculative rattachée au rachat et à la fermeture du capital de BCE dépassera largement la capacité du marché financier canadien. Sans doute qu'une bonne partie des acquéreurs de ces titres de dette à rendement - et risque - plus élevé seront des investisseurs américains», a commenté Paul Holman, directeur général de DBRS, lors d'une téléconférence d'analystes et de gestionnaires de portefeuilles.

Du côté de Wall Street, où le montant total du rachat de BCE par Teachers - 51,7 milliards CAN, incluant la dette - en fait sourciller plusieurs depuis le week-end dernier, les investisseurs en dette d'entreprise anticipent aussi une quantité sans précédent de titres spéculatifs à écouler sur le marché.

Les plus récentes rumeurs, hier, faisaient état d'au moins 10 milliards US en obligations de pacotille ou junk bonds provenant du rachat de BCE.

Ce montant s'ajouterait au financement par dette bancaire pour le rachat de BCE, que des financiers de Wall Street anticipent autour de 16 milliards US. D'où le 26 milliards de dettes supplémentaires.

Les junk bonds sont des titres de dette d'entreprises considérés à risque nettement plus élevé que la moyenne, mais dont le rendement en intérêts pour les détenteurs est aussi plus élevé.

S'il s'avère, un tel montant de 10 milliards US de junk bonds émanant de l'achat de BCE serait de loin le plus élevé de tous les projets d'achat par endettement d'entreprises qui sont actuellement en discussions sur le continent.

D'ailleurs, ces titres de dette arriveraient sur le marché alors que les inquiétudes s'amplifient envers la vague de tels rachats par endettement.

«Il y a quelque 250 milliards US en nouveaux titres de dette d'entreprise qui arriveront sur le marché à court terme, avec toutes ces transactions. C'est beaucoup, provoquant déjà une hausse du coût des émissions de ces titres de dette (rendement exigé). Ça pourrait affecter négativement les termes de l'offre pour BCE convenue avec Teachers», selon Greg MacDonald, analyste en télécoms chez la Financière Banque Nationale.

«Nous devrons attendre d'en savoir plus avec la circulaire de l'offre de Teachers aux actionnaires de BCE. Mais chose certaine, cette transaction va complètement chambarder le bilan de cette entreprise», a indiqué Paul Holman, de DBRS.

Et serait-ce suffisant pour faire pression sur la dynamique de gestion de l'entreprise, afin de maintenir les flux financiers pour payer les coûts de sa dette ?

«Pour le moment, les perspectives d'affaires de BCE doivent être considérées à risque élevé», selon Patrick Grenham, analyste en télécoms chez Citigroup Global Markets, à New York.

«Les défis de BCE liés aux changements réglementaires et la perte de clients ne font que commencer. Ses prochains flux financiers dépendront de la réalisation des mesures de réduction de coûts d'exploitation.»

L'analyste Grenham fait partie de la filiale boursière de Citigroup, dont la branche bancaire est un partenaire financier de Teachers, pour son rachat de BCE.

Ses autres partenaires financiers comptent la banque Toronto-Dominion (TD), ainsi que les européennes Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland.