Alstom Canada espérait bien remporter le contrat de remplacement des voitures du métro de Montréal pour reprendre pied sur le marché nord-américain. Malheureusement, la politique a fait dérailler ses espoirs.

Alstom Canada espérait bien remporter le contrat de remplacement des voitures du métro de Montréal pour reprendre pied sur le marché nord-américain. Malheureusement, la politique a fait dérailler ses espoirs.

C'est du moins le tableau qu'a brossé le président d'Alstom Canada, Pierre Gauthier, lors d'une première journée d'audience à la Cour supérieure du Québec. Alstom demande au tribunal de forcer la Société de transport de Montréal (STM) à mettre en place un processus d'appel d'offres en bonne et due forme.

Alstom avait dû fermer ses ateliers de Pointe-Saint-Charles en octobre 2003 après avoir vu un contrat de remise à neuf de 22 voitures de train de banlieue lui échapper en faveur de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]].

Elle avait rapatrié quelques employés à Sorel-Tracy, où se trouve sa division Alstom Power.

M. Gauthier a soutenu qu'en automne 2003, le ministre des Transports de l'époque, Yvon Marcoux, lui avait confirmé qu'Alstom serait invitée à participer à l'appel d'offres pour le remplacement des 336 voitures MR-63 du métro de Montréal.

Or, en juillet 2005, le ministre du Développement économique Claude Béchard a déclaré que le gouvernement québécois prendrait tous les moyens disponibles pour accorder le contrat à Bombardier sans appel d'offres parce qu'il s'agissait du seul constructeur de train au Canada.

«J'étais consterné, c'est comme si Alstom n'existait pas», a lancé M. Gauthier.

Le ministre Béchard était le député d'une circonscription qui comprenait l'usine de Bombardier à La Pocatière.

«Qu'il parle comme député de la circonscription, j'accepte ça, c'est de bonne guerre, mais c'est aussi le ministre de Développement économique: en ce sens, il doit être plus équitable», a soutenu le président d'Alstom Canada.

M. Gauthier a fait savoir qu'Alstom se retrouvait dès lors devant des enjeux politiques: assurer des retombées au Québec, protéger les emplois de La Pocatière.

«On est loin des métros», a-t-il déploré.

Lors d'une rencontre en avril 2006, l'entreprise a proposé au gouvernement deux scénarios qui comprenaient d'importantes retombées au Québec. Selon le premier, Alstom confiait à Bombardier la fabrication des caisses des voitures.

En cas de refus de Bombardier, Alstom entendait confier cette fabrication à des sous-traitants québécois et assembler elle-même les voitures à Sorel-Tracy.

Le gouvernement libéral a plutôt fait savoir en mai 2006 qu'il accorderait le contrat sans appel d'offres à Bombardier.

Les procureurs de la STM, du gouvernement du Québec et de Bombardier ont profité de la première journée d'audience pour tenter de montrer qu'Alstom n'était pas un fournisseur canadien de métro et que la STM était donc libre de choisir Bombardier.

En réponse aux questions de l'avocat du gouvernement du Québec, Me Benoît Belleau, M. Gauthier a admis qu'Alstom n'avait jamais fabriqué de voitures de métro à Sorel-Tracy ou à ses installations de Calgary.

L'avocat de la STM, Me Marc-André Fabien, du cabinet Fasken Martineau DuMoulin, a souligné quant à lui qu'Alstom Transport ne comptait qu'un à trois employés au Québec et que la liste de rappel ne comprenait plus que 27 noms.

Pour sa part, l'avocat de Bombardier, Me Jean Bertrand, du cabinet Ogilvy Renault, a amené M. Gauthier à admettre que, depuis 2003, Alstom n'avait participé à aucun appel d'offres pour des voitures de passagers au Canada.