Des rapports, des rapports, et encore des rapports.

Des rapports, des rapports, et encore des rapports.

La Régie de l'énergie devrait être ensevelie sous les informations qui lui parviendront des quatre coins du Québec à la suite des mesures annoncées par le ministre Claude Béchard pour discipliner le marché de l'essence.

«Nous n'avons pas encore évalué l'ampleur des moyens qu'il faudra pour se conformer à ces nouvelles mesures», a indiqué lundi le porte-parole de la Régie, Pierre Méthé.

Le ministre Béchard a demandé aux pétrolières de justifier par écrit toute augmentation des prix à la pompe, station par station. Il y a 4000 stations-service au Québec. Des entreprises de distribution, parmi les plus grosses, devront faire 1500 rapports par mois, ou plus de 75 par jour ouvrable.

Les détaillants devront aussi expliquer aux clients les variations des prix selon ses différentes composantes, soit le pétrole brut, le raffinage, le transport et le détail.

C'est tout un contrat, estime le porte-parole de l'industrie, Carol Montreuil, surtout que le ministre voudrait que le nouveau système d'information soit en place dans deux semaines.

L'industrie s'est dite favorable aux mesures réclamées par le gouvernement du Québec, mais elle prévient que ce fardeau administratif supplémentaire se traduira par des coûts supplémentaires pour les entreprises et pour la Régie de l'énergie, qui devront au bout du compte être assumé par les consommateurs.

«La Régie va-t-elle embaucher beaucoup de personnel supplémentaire? se demande Carol Montreuil. Ça nous inquiète parce que c'est nous qui payons les frais de fonctionnement de la Régie».

Selon lui, la gestion de ce système d'information sur les prix de l'essence sera encore plus difficile à supporter pour les détaillants indépendants, qui n'ont pas les même moyens que les Shell, Esso ou Ultramar.

À l'Association québécoise des détaillants indépendants (AQUIP), la porte-parole Sonia Marcotte n'avait pas évalué non plus l'impact des nouvelles mesures sur les entreprises-membres. Comme l'Institut canadien des produits pétroliers, l'AQUIP accueille positivement les nouvelles règles du jeu. «Le consommateur va être mieux informé sur le fonctionnement du marché de l'essence», dit Sonia Marcotte.

Pour ce qui est de l'administration de toute cette information, Mme Marcotte dit avoir besoin de temps pour en discuter avec ses membres.

La production de rapports pour justifier les hausses de prix et l'affichage quotidien du prix minimum estimé auront peut-être pour effet d'empêcher les prix à la pompe de changer tous les jours et même parfois plusieurs fois par jour.

Peut-être, mais cette volatilité est le symptôme d'un marché libre où existe une surcapacité de l'offre, dit Carol Montreuil. «On s'arrache les clients.»

Le ministre voudrait que ses mesures soit appliquées sur une base volontaire par l'industrie mais, dans un tel contexte de concurrence, ce sera difficile, estime-t-il. «Si moi je le fais et pas mon concurrent, ça ne peut pas marcher.»

Aussi, l'industrie pourrait en venir à la conclusion qu'il vaudrait mieux que le gouvernement impose des règlements plutôt que de laisser les entreprises agir selon leur bon vouloir.

Ça fera partie des discussions des prochains jours avec le gouvernement, a indiqué M. Montreuil. «Peut-être que la conclusion sera qu'il serait préférable de réglementer.»