Les dirigeants d'entreprises de télécommunications au Canada ont de quoi se frotter les mains en lisant les prévisions du Conference Board. L'organisme s'attend à des profits d'exploitation records pour leur industrie cette année.

Les dirigeants d'entreprises de télécommunications au Canada ont de quoi se frotter les mains en lisant les prévisions du Conference Board. L'organisme s'attend à des profits d'exploitation records pour leur industrie cette année.

En publiant la première édition de son rapport Canadian Industrial Outlook : Canada's Telecommunications Industry, signé par l'économiste principal Michael Burt, le Conference Board prévoit une hausse de profits de 14,7% en 2007.

Ainsi, les entreprises empocheront des gains de 4,25 G$ cette année. La marge de profits monte aussi, passant de 8,1% l'an dernier au rondelet 9% en 2007.

Tout cela se fera sur des revenus en hausse de 3,2% à 47,4 G$, avec des dépenses qui monteront de 2,2% à 43,2 G$.

Afin d'expliquer la tendance, le Conference Board fait appel à une foule de facteurs.

Premièrement, les données économiques ont fort bien servi les entreprises. La forte création d'emplois, l'inflation modeste et la baisse de 1% de la TPS en 2006 ont fait monter les revenus disponibles de 4,7% chez les Canadiens.

Cela a eu un impact sur les dépenses des consommateurs, qui ont augmenté de 4,1%. Par contre, l'industrie des télécoms n'a pu aller chercher sa pleine part du gâteau, ne récoltant que 2,4% de plus en dépenses des consommateurs.

Du côté des entreprises, la demande en télécoms a été stimulée par des profits en hausse.

Le contrôle des coûts a aussi beaucoup à voir avec la rentabilité accrue de l'industrie. Mais comment ?

La force du dollar canadien a permis aux entreprises du secteur, qui importent beaucoup d'équipements, d'investir massivement en profitant d'un pouvoir d'achat accru. Donc, selon le Conference Board, le déclin attendu du huard après 2007 devrait leur compliquer la vie.

De plus, Michael Burt croit que ce contrôle des coûts s'est fait malgré un environnement de plus en plus concurrentiel qui affecte les prix..

«Par exemple, écrit M. Burt, le ministre fédéral de l'Industrie accélère la déréglementation en réduisant les critères nécessaires à remplir pour abolir le contrôle des prix dans les services vocaux. Plus de la moitié des Canadiens pourraient être affectés par ce geste, qui mènera à des pressions additionnelles sur l'industrie.»

En effet, l'économiste avance que jusqu'à 60% des résidents du pays pourront bénéficier du changement dès cet été. Et la tendance serait appelée à se maintenir. «Les prix ont peu changé lors des six dernières années, avec des tarifs en déclin pour les services filaires et sans-fil», note M. Burt.

Le Conference Board tient aussi compte, dans ses prévisions, d'une migration d'une partie de la clientèle du téléphone traditionnel vers la téléphonie IP des câblodistributeurs.

Si 2007 sera une année très rentable, des nuages se pointent à l'horizon, notamment en raison de coûts grandissants pour la main d'oeuvre.

«La croissance des profits devrait être plus lente, donnant en moyenne 4,4% par année de 2007 à 2011, dit l'économiste. Les compagnies devraient lutter afin de maintenir leurs marges de profits.»

Mais tout n'est pas sombre. Le Conference Board croit que la tendance au regroupement de services, amorcé par des géants comme Bell et Vidéotron, prévaudra. Il «permettra aux entreprises de regagner du pouvoir en matière de prix, parce que ça leur permettra de se faire concurrence sur une suite de services et non seulement sur la facturation.»

Au moins un autre gain sera fait en raison de cette tendance : plus d'utilisateurs auront accès à des services haut de gamme. Les consommateurs en sortiront donc gagnants.