Après avoir ébranlé les investisseurs, le resserrement du crédit pourrait provoquer un ralentissement des dépenses des consommateurs et des entreprises et accroître d'autant les risques de récession.

Après avoir ébranlé les investisseurs, le resserrement du crédit pourrait provoquer un ralentissement des dépenses des consommateurs et des entreprises et accroître d'autant les risques de récession.

«Bien que rien ne nous permette actuellement de prédire une récession, les risques sont certainement plus élevés», affirme l'ex-secrétaire au Trésor américain, Lawrence Summers, aujourd'hui professeur à l'Université Harvard.

«Le ralentissement de la construction résidentielle, le resserrement du crédit, l'accroissement de l'incertitude et de la volatilité des marchés boursiers, la dépréciation de certains actifs, tout cela concourt actuellement à augmenter les risques.»

Alors que se prolonge la pire récession en 16 ans dans le marché de la construction résidentielle, accentuée par la hausse du coût du crédit, les économistes de JPMorgan Chase, de Lehman Brothers Holdings et de Merrill Lynch se laissent aller aux prédictions les plus pessimistes.

L'emploi et la consommation, deux secteurs qui avaient jusqu'ici résisté à la débâcle, semblent désormais menacés.

L'agitation financière a déjà commencé à ébranler la confiance des consommateurs et des entreprises, révèlent des sondages effectués en août. Wal-Mart a revu à la baisse ses prévisions de bénéfices.

Plusieurs firmes de services financiers, dont SunTrust Banks, d'Atlanta, ont annoncé la suppression de milliers d'emplois.

Bien que le troisième trimestre de l'année ait connu un départ en lion, les économistes sont impatients de connaître le volume des ventes de véhicules aux États-Unis et les statistiques de l'emploi en août afin d'évaluer si la consommation et le marché de l'emploi tournent eux aussi au ralenti.

«Nous prenons un peu plus souvent le pouls de l'économie, dit Jonathan Basile, économiste au Crédit Suisse, à New York. Si le resserrement du crédit s'étend au marché automobile, ce serait le deuxième secteur d'importance à tomber et cela confirmerait passablement les craintes des marchés.»

Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben S. Bernanke, est pressé de toutes parts d'abaisser les taux d'intérêt, après que la banque centrale eut annoncé le 17 août que «les risques d'un fléchissement de la croissance se sont considérablement accrus».

L'activité des marchés à terme indique que les investisseurs prédisent que la Fed réduira d'au moins un quart de point son taux directeur pour le ramener à 5% le 18 septembre.

La confiance est un facteur déterminant de l'activité économique. Il suffit parfois que les consommateurs et les entreprises se mettent à douter de ce que l'avenir leur réserve et à réduire leurs dépenses pour que l'économie entre en récession.

La soudaine baisse de confiance des consommateurs à la fin de 2000, combinée à une contraction du secteur manufacturier et à un repli de deux ans du marché de l'auto, est à l'origine de la dernière récession amorcée en mars 2001.

La situation actuelle n'augure rien de bon. En août, l'indice de confiance des grandes entreprises de la planète établi par Economy.com, une division de Moody's, est tombé à son plus bas depuis la mitan de la guerre en Irak, en 2003.

La valeur des chantiers de construction en juillet a, contre toute attente, atteint son plus bas niveau depuis janvier, selon des statistiques dévoilées mardi par le gouvernement américain.

Par ailleurs, la confiance des consommateurs a connu en août sa pire dégringolade depuis le passage de l'ouragan Katrina il y a deux ans, selon le Conference Board, une firme d'analyste de New York.

«Je crois qu'il y a actuellement un risque significatif de récession, dit Martin Feldstein, président du Bureau national de recherche économique, un organisme qui analyse les cycles économiques. Les consommateurs dépenseront moins. Les derniers chiffres sur la confiance des consommateurs sont en baisse. Cela ne peut être que renforcé par la situation du marché résidentiel.»

Les Américains ont décidé de ne plus «acheter de biens coûteux. Du coup, à moins d'une baisse des taux d'intérêt, nous aurons une récession», déclarait le 29 août Michael Jackson, président d'AutoNation, le plus important concessionnaire automobile américain.