Le gouvernement du Québec ne discutera pas avec la direction d'Alcoa de sa promesse de maintenir au Québec les activités de l'entreprise issue d'une fusion avec Alcan, dont le siège social de Montréal.

Le gouvernement du Québec ne discutera pas avec la direction d'Alcoa de sa promesse de maintenir au Québec les activités de l'entreprise issue d'une fusion avec Alcan, dont le siège social de Montréal.

Le conseil d'administration d'Alcan a rejeté mardi sans équivoque l'offre d'achat non sollicitée d'Alcoa et a jugé que cette offre était trop incertaine pour se pencher sur le sérieux des engagements de l'acheteur de respecter les engagements d'Alcan au Québec.

En conséquence, et conformément à la «Convention de continuité» conclue en décembre dernier avec la direction d'Alcan, le gouvernement du Québec ne négociera pas avec Alcoa, a fait savoir mardi le bureau du ministre du Développement économique, Raymond Bachand.

Cette convention prévoit qu'Alcan n'a aucune obligation d'amorcer son analyse des informations fournies par un acquéreur éventuel avant que toutes les conditions soient remplies et les autorisations réglementaires soient obtenues.

Dans sa réponse à l'offre d'Alcoa, le conseil d'administration d'Alcan énumère d'ailleurs les nombreuses autorisations que l'acheteur devrait obtenir avant de pouvoir conclure une transaction et souligne les risques élevés de ne pas y parvenir.

Alcoa n'a pas voulu réagir immédiatement au rejet de son offre. «Nous voulons en faire une analyse approfondie», a déclaré mardi le porte-parole de l'entreprise, Pierre Després.

La réplique officielle d'Alcoa pourrait venir dès aujourd'hui, a-t-il indiqué. «On continue d'être d'avis que cette offre est complète et juste, et qu'elle représente une valeur pour les actionnaires d'Alcan», a ajouté M. Després.

Du côté des syndicats d'Alcan, c'était le silence le plus total. «Nous ne dirons rien avant mercredi», a résumé Claude Patry, du Syndicat national des employés de l'Aluminerie d'Arvida.

Les syndiqués se sont dits inquiets de la possibilité de voir le contrôle d'Alcan passer aux mains d'Alcoa, une entreprise américaine moins bien enracinée au Québec.

Dans sa réponse à l'offre d'Alcoa, le conseil d'administration d'Alcan estime que l'entreprise vaut beaucoup plus que le prix offert, notamment à cause de sa capacité à produire elle-même 2000 mégawatts d'électricité au Québec, soit la plus grande partie de l'énergie dont elle a besoin pour ses alumineries.

Cette énergie renouvelable est «un avantage compétitif significatif et durable, dont la valeur ne peut seulement augmenter avec les préoccupations sur les émissions de gaz à effet de serre».

Le conseil d'Alcan estime que l'offre d'Alcoa ne réflete ni la valeur actuelle ni la valeur future de ces éléments d'actifs «uniques».

Le gouvernement du Québec pourrait révoquer les droits hydrauliques consentis à Alcan pour produire de l'électricité si l'entreprise ou son éventuel acquéreur déménage le siège social de l'entreprise et réduit ses activités au Québec.