Le Canadien vient d'entamer son match le plus important de la saison. Et pourtant, Saku Koivu, Cristobal Huet et les autres vedettes de l'équipe brillent par leur absence.

Le Canadien vient d'entamer son match le plus important de la saison. Et pourtant, Saku Koivu, Cristobal Huet et les autres vedettes de l'équipe brillent par leur absence.

À leur décharge, ce match crucial ne se déroule pas devant une foule enthousiaste de 21 273 spectateurs au Centre Bell, mais devant trois juges du Tribunal administratif du Québec.

Devant le filet du Canadien: son avocat Pierre Galardo, qui tentera de réduire de moitié le compte annuel d'impôt foncier de 8,2 millions de dollars de l'équipe.

La valeur du Centre Bell, établie par la Ville à 150 millions pour les années financières 2004 à 2006 et à 225 millions cette année, se trouve au coeur du litige qui a commencé discrètement lundi matin. Le Canadien conteste l'évaluation de la Ville.

Demain matin, les deux parties déposeront leurs évaluations respectives. Selon le Journal de Montréal, le Canadien établira la valeur du Centre Bell à 75 M$.

L'équipe de hockey recevra toutefois une première mise en échec de son adversaire: la Ville de Montréal présentera des évaluations supérieures à celles de 150 M$ et 225 M$ sur lesquelles le Canadien a été imposé jusqu'à maintenant, a confirmé Me Patrice Brunet, l'avocat de la Ville de Montréal, à La Presse Affaires.

S'il perdait sur toute la ligne, le Canadien verrait alors sa facture d'impôt foncier augmenter. Il devrait aussi verser des sommes supplémentaires pour les années fiscales 2004 à 2006.

Lundi, les deux parties ont passé deux heures et demie à régler certains détails procéduraux devant le Tribunal, qui sera exceptionnellement composé de trois membres au lieu de deux.

Le Tribunal a pris cette décision en raison «de la longueur et de l'importance de la cause», a souligné la juge administrative Véronique Pelletier, qui présidera l'affaire.

Aujourd'hui (mardi), la juge Pelletier et ses collègues Manon Goyer et Mathieu L'Écuyer, deux évaluateurs agréés, visiteront le Centre Bell en compagnie des deux parties. Ils ne croiseront pas les joueurs du Tricolore, qui sont à Toronto pour affronter les Maple Leafs en soirée.

«La visite va vous permettre d'identifier clairement les faits physiques de l'édifice», a dit Me Galardo aux membres du Tribunal.

Plusieurs témoins

Les deux parties seront de retour demain matin dans les bureaux du Tribunal administratif du Québec alors que le Canadien fera comparaître son premier témoin expert, l'évaluateur Benoit Egan (dont le nom de famille se prononce comme celui du numéro 21 du Tricolore, Chris Higgins...).

Benoit Egan n'est que le premier d'une longue liste de témoins. Le Tribunal a déjà prévu 54 jours d'audience d'ici la fin du mois d'avril.

S'il faut aller en prolongation, les deux parties ont prévu d'autres dates d'audience d'octobre à décembre 2008. Le match entre le Canadien et la Ville de Montréal s'annonce long, très long.

Et lundi, les deux équipes n'ont fait que se réchauffer en attendant que la vraie partie commence.

Un cadeau sous le sapin

Il y a deux ans, le Canadien de Montréal s'attendait à recevoir un cadeau de Noël du gouvernement Charest, qui s'apprêtait à éponger sa facture d'impôt foncier. Québec aurait permis à la Ville de Montréal d'appliquer un niveau d'impôt foncier différent au Centre Bell.

Le gouvernement provincial aurait ensuite compensé Montréal pour ce manque à gagner d'environ 8 millions de dollars.

Le plan de Québec, négocié par le Canadien et le bureau du premier ministre Charest, avait été dévoilé en primeur dans La Presse le 17 novembre 2005 sous le titre «Un cadeau de Noël pour le Canadien».

Le ministre des Finances, Michel Audet, avait alors indiqué que le but «était de ramener le compte d'impôt foncier du Canadien à la moyenne des équipes de la LNH, soit de 1 ou 2 millions par année».

Quelques jours plus tard, le cadeau de Noël du gouvernement Charest avait disparu de sous le sapin. Devant la grogne suscitée par son projet, Québec abandonnait l'idée d'aider financièrement le Canadien.

Actuellement, le Canadien (8,2 millions) et les Maple Leafs de Toronto (7 millions) auraient les deux factures d'impôt foncier les plus élevés de la LNH. Vingt-deux des 30 équipes du circuit Bettman ne paieraient aucun impôt foncier.