Champagne pour tous, discours et gâteau géant: HEC Montréal a célébré ses 100 ans mercredi. L'occasion de revenir sur un siècle d'histoire, mais aussi de dévoiler quelques projets.

Champagne pour tous, discours et gâteau géant: HEC Montréal a célébré ses 100 ans mercredi. L'occasion de revenir sur un siècle d'histoire, mais aussi de dévoiler quelques projets.

Avant de rendre hommage au passé, le directeur de l'école, Michel Patry, a accepté de discuter de l'avenir avec La Presse Affaires. Parmi les nouveautés qui pourraient voir le jour prochainement: un MBA offert en commun avec l'Université McGill, et une nouvelle gamme de maîtrises spécialisées.

C'est que les temps ont changé depuis le 14 mars 1907, date à laquelle la loi constituant la première école de gestion au pays voyait le jour.

«On opère aujourd'hui dans un marché global et de nouveaux créneaux sont en train de s'ouvrir. On est en train de regarder lesquels on veut occuper», explique M. Patry, engagé à repositionner ses programmes d'études supérieures. Il n'est pas le seul. En Europe, l'Union européenne amène les écoles d'administration à uniformiser leur curriculum, les obligeant du même souffle à repenser les programmes.

L'idée d'un nouveau «MBA exécutif» offert avec l'Université McGill a ainsi fait son chemin. Ce sont les cadres de haut niveau, à la longue feuille de route «qu'on veut attirer sur les bancs d'école.»

«Les discussions sont très avancées», a révélé M. Patry, qui parle d'une question de semaines avant une annonce éventuelle. «On sait qu'on arrive à un moment où il y a beaucoup de programmes, dont plusieurs de qualité. Il faut arriver avec une couleur, une valeur ajoutée. Ça va être un programme très original, et dans son format, et dans son contenu», promet-il.

Également sur les planches à dessin: une nouvelle gamme de maîtrises spécialisées, moins orientées vers la recherche et visant à développer une expertise précise.

«Si vous voulez faire carrière dans les banques, par exemple, une maîtrise très profilée vers le banking va vous donner un élan. On est moins intéressé à faire des programmes très généraux, universels, de base. On veut des programmes plus ciblés», dit M. Patry, qui soutient que ces maîtrises pourraient voir le jour d'ici à peine un an.

«On est capable de se retourner assez vite, ici», lance-t-il.

Une école bien différente

Mais il n'y a pas que la concurrence, aujourd'hui, qui est internationale à HEC Montréal. Dans les couloirs, ça se voit et ça s'entend: la proportion d'étudiants étrangers atteint maintenant 30 %.

En 2006-2007, l'école accueille 1200 étudiants dans 34 programmes d'études -à l'ouverture, le chiffre de 34 désignait plutôt... le nombre d'élèves.

Les préoccupations d'alors étaient bien différentes. Il y avait les conflits avec le clergé, qui voyait d'un mauvais oeil cette école «non confessionnelle», et la lutte pour convaincre de la pertinence d'une école de gestion francophone, alors que le monde des affaires était largement anglophone. Un souci, toutefois, a traversé le siècle: l'argent.

M. Patry ne manque pas une occasion de le dire: si son institution fait bonne figure dans les palmarès internationaux, elle le fait en accomplissant des miracles, avec des moyens parfois deux ou trois fois moindres que ceux de ses concurrents.

Et cela implique des choix.

En ce qui concerne le baccalauréat, le programme trilingue qui permet à 250 étudiants de suivre leur formation en français, anglais et espagnol connaît un succès inespéré. La demande est plus importante que prévu, et le potentiel est là.

Sauf que ça coûte cher. Pas question d'abandonner ce «programme extraordinaire», rassure toutefois M. Patry. Mais on s'interroge sur la meilleure façon de le développer sans crever le budget.

M. Patry veut aussi faire le ménage parmi les alliances -il y en actuellement 78- qui permettent aux étudiants de faire des échanges à l'étranger. Il faut viser davantage l'Asie, et certaines ententes, notamment en Europe, risquent de tomber.

De Jean Charest à Raymond Bachand en passant par Michaëlle Jean, plusieurs ont fait parvenir hier leurs voeux de bon anniversaire par écrit ou par vidéo, à défaut d'y être en personne. Les étudiants, pendant ce temps, étaient de toute évidence fort satisfaits de pouvoir s'enfiler une coupe de champagne gratuitement entre deux cours... le temps de porter un toast à leur institution désormais centenaire.