Un saut de plus de 12% en une nuit. Les automobilistes l'ont vu encore mardi: rares sont les produits dont le prix peut varier autant et aussi vite que celui de l'essence. et, rien de rassurant pour ceux qui veulent faire le plein, le brut a remonté hier à New York.

Un saut de plus de 12% en une nuit. Les automobilistes l'ont vu encore mardi: rares sont les produits dont le prix peut varier autant et aussi vite que celui de l'essence. et, rien de rassurant pour ceux qui veulent faire le plein, le brut a remonté hier à New York.

Le prix du brut sur le marché international venait de perdre 1,60 $ US. La surprise a été totale pour les automobilistes de Montréal mardi matin. Au cours de la nuit de lundi à mardi, les prix à la pompe étaient passés de 98 cents à 1,10 $.

Un bond de 12 cents, ce n'est pas courant, même à Montréal où les prix ont l'habitude de jouer au yo-yo, reconnaît Sophie Gagnon, la porte-parole du CAA-Québec, qui suit les variations du prix à pompe quotidiennement dans les 17 régions administratives du Québec.

À 1,10 $, le prix à Montréal est anormalement élevé, soit presque 4 cents de plus que ce qu'il devrait être, estime le CAA-Québec. «Quand ça arrive, on conseille aux automobilistes d'acheter un minimum d'essence et d'attendre que les prix baissent», précise Sophie Gagnon.

Le prix que le CAA-Québec considère réaliste serait de 1,074 $ pour Montréal, compte tenu des coûts d'approvisionnement.

Du côté de l'industrie, on explique que les détaillants ont vendu à des prix plus bas que leurs coûts d'approvisionnement pendant le dernier week-end, et que le bond de 12 cents est une tentative pour rattraper ce manque à gagner.

Le rattrapage est une pratique courante dans l'industrie, mais lorsqu'il survient en même temps qu'une réduction du prix du brut, il est plus difficile à avaler.

Le prix du brut et celui de l'essence n'évoluent pas nécessairement en parallèle, rappelle le porte-parole de l'industrie pétrolière, Carol Montreuil. «À court terme, le marché des produits finis réagit à d'autres facteurs, comme l'offre et la demande sur les marchés locaux, dit-il. Les hausses se font d'un coup sec tandis que les baisses sont graduelles», ajoute-t-il.

Actuellement, le marché local est encore perturbé par l'incendie à la raffinerie d'Esso en Ontario et les problèmes survenus chez Shell à Montréal, explique Carol Montreuil. Des raffineries du nord-est des États-Unis ont aussi dû réduire leur production.

Pour approvisionner les stations-service en manque de carburant, les raffineries canadiennes ont importé de l'essence et nolisé des camions pour la transporter, ce qui leur a coûté cher. La grève du CN a également contribué à compliquer l'approvisionnement et à augmenter les coûts de transport des raffineurs.

Les consommateurs paient-ils aujourd'hui pour ces coûts supplémentaires? «La hausse d'aujourd'hui est un cumul de facteurs», dit Carol Montreuil. Selon lui, les marges des raffineurs, comme celles des détaillants, ne doivent pas être observées ponctuellement. Sur une plus longue période de temps, comme une année, ces marges ne fluctuent pas beaucoup, assure-t-il.

À Québec, les prix à la pompe étaient plus stables, autour de 1 $ le litre. Règle générale, les prix en dehors Montréal fluctuent beaucoup moins.

Un marché unique

Le marché de Montréal est unique, estime Louis Forget, le porte-parole d'Ultramar, qui exploite une raffinerie et 952 stations-service au Québec. «Il y a trop de stations-service comparativement à la population, explique-t-il. Il y a des guerres de prix et qui en sort gagnant, c'est le consommateur».

Selon les signaux en provenance des marchés financiers, les prix de l'essence pourraient rester élevés au cours des prochains jours.

Mardi, le prix du brut pour livraisons rapprochées a gagné 62 cents, à 60,69 $ à la Bourse des produits courants de New York. Les prix de tous les carburants ont également augmenté un peu. Le gallon d'essence a augmenté de 0,86 cent à 1,85 $ US le gallon (3,8 litres) et le mazout a grimpé de 2,25 cents, à 1,75 le gallon.

Selon le ministère américain de l'Énergie, le prix moyen de l'essence aux États-Unis, qui était de 2,49 $ US mardi, devrait atteindre 2,62 $ US le gallon ce printemps.

Les prix devraient réagir aujourd'hui à la publication des stocks aux États-Unis.

1,10 $ le litre...

coût du brut 46¢

marge de raffinage 15 ¢

marge du détaillant 8¢

taxes d'accise 25,2 ¢

taxe de l'Agence métropolitaine de transport 1,5¢

TPS 6,1 ¢

TVQ 8,2 ¢

Total 1,10$

La marge des détaillants

La marge des détaillants, qui comprend les frais d'exploitation d'une station-service et un profit, varie énormément. Au cours des 12 derniers mois, la marge moyenne était de 3,9 cents à Montréal et de 6,2cents à Québec .

Prix minimum estimé

Le prix minimum estimé calculé chaque semaine par la Régie de l'énergie est composé du prix du brut et du raffinage, des taxes fédérales et provinciales et du coût de transport. Les prix à la pompe sont la somme du prix minimum estimé et de la marge du détaillant.