Le Forum économique mondial (FEM), qui s'ouvre aujourd'hui (mercredi), est une véritable entreprise, qui emploie à longueur d'année 250 personnes à Cologny, dans la banlieue chic de Genève, bien connue des émigrés fiscaux.

Le Forum économique mondial (FEM), qui s'ouvre aujourd'hui (mercredi), est une véritable entreprise, qui emploie à longueur d'année 250 personnes à Cologny, dans la banlieue chic de Genève, bien connue des émigrés fiscaux.

À quelques minutes en voiture du centre de Genève, Cologny est sans conteste l'une des communes les plus huppées de Suisse. Charles Aznavour, Jean-Claude Killy et quelques autres émigrés fiscaux de France, comme feu François Dalle, l'ex-patron de L'Oréal, y ont élu domicile.

C'est dans ce cadre idyllique, avec vue imprenable sur le lac Léman, que le FEM a construit son siège. Ses équipes y travaillent à longueur d'année: un peu plus de 250 collaborateurs – moyenne d'âge 37 ans, de 42 nationalités différentes – qui, au moment du Sommet de Davos de la fin janvier, coordonnent pas moins de 5000 personnes, en incluant les forces de sécurité.

Le maître de céans et fondateur du FEM en 1971, Klaus Schwab, d'origine allemande, qui a fait toute sa carrière de professeur de management à l'Université de Genève jusqu'en 2003, aime à le rappeler: «La réunion annuelle de Davos n'est que la partie visible de l'iceberg de ce que nous faisons au World Economic Forum (WEF).»

De ses splendides bureaux tout en verre et granit bleu du Brésil, construits à flanc de coteau, il surplombe les bâtiments de l'ONU, de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), lotis sur l'autre rive du lac, au pied du Jura.

Tout un symbole. D'un côté, les grandes institutions publiques internationales qui contribuent à faire de Genève l'une des capitales politiques internationales les plus en vue. De l'autre, le Forum économique mondial qui incarne la mondialisation libérale des entreprises.

Fort modestement le FEM se présente comme une simple ONG (organisation non gouvernementale) sans but lucratif. Son statut juridique est celui d'une fondation de droit suisse au capital de 16 M$ CA.

Les poids lourds de l'économie

Ses membres sont triés sur le volet. Comme l'explique André Schneider, a fait ses classes chez IBM, avant de devenir le directeur général et chef de la direction du FEM en 1998.

«Ce sont pratiquement les 1000 entreprises les plus importantes de l'économie mondiale. Nous avons constitué la liste en partant des classements du magazine Fortune et en nous efforçant de représenter équitablement l'ensemble des secteurs productifs», dit-il.

L'appartenance au club n'a évidemment rien d'obligatoire. Parmi les membres français, on remarque par exemple la Société générale, alors que BNP Paribas n'en est pas. «Il a de grands joueurs mondiaux qui refusent d'adhérer car ils ne voient pas l'utilité d'un tel réseau», admet André Schneider.

Derrière la bannière officielle quelque peu grandiloquente du FEM - «Engagés pour améliorer l'état du monde» - se cachent des finalités plus ordinaires d'un centre de rencontres.

Responsable du «Réseau d'analyse des risques globaux», Thierry Malleret définit ainsi la spécificité du Forum économique mondial: «N'importe quelle grande compagnie d'assurance est en mesure d'identifier les risques et de fournir un travail d'experts. Notre force est de pouvoir faire se rencontrer des entreprises, des responsables politiques de haut niveau, des régulateurs internationaux et des représentants de la société civile».

Malgré son statut d'ONG, que lui reconnaît formellement le Conseil économique et social de l'ONU, le FEM se comporte comme une véritable entreprise. En bon stratège, il n'a de cesse de diversifier ses produits. L'habitude est désormais bien ancrée d'organiser des «sommets régionaux» (huit à dix par an) au Moyen-Orient, en Russie ou en Chine.

La règle veut que seules les entreprises participantes au Forum paient le droit d'entrée: 17 000 $ CA pour les dirigeants dont la compagnie verse sa cotisation annuelle et un peu plus pour les autres.

Et comme cela ne suffit pas, le WEF a mis en place des «partenariats croisés» – en clair des aides – avec quelque 130 entreprises, qui contribuent à hauteur de 40 % à son budget annuel.

Autre ligne de diversification, le WEF est en train de lancer un nouveau club d'entreprises internationales, les «Global Growth Companies». Pas moins de 300 membres sont prévus d'ici à l'été prochain, qui regrouperont principalement les firmes asiatiques les plus prometteuses

«Il y a dix ans, personne ne connaissait Google. Nous voulons aider de telles entreprises en forte expansion à mieux s'intégrer dans le concert mondial», explique André Schneider.