Alors que le ministre Claude Béchard réclame plus de transparence aux pétrolières sur le prix de l'essence, les Maritimes ont réglementé la vente au détail en fixant un prix plafond.

Alors que le ministre Claude Béchard réclame plus de transparence aux pétrolières sur le prix de l'essence, les Maritimes ont réglementé la vente au détail en fixant un prix plafond.

Ce qui ne soulage pas nécessairement le portefeuille du consommateur, affirme l'économiste Jean-Thomas Bernard.

En juillet, le Soleil relatait que le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, pourrait proposer une loi qui obligerait les pétrolières et les distributeurs indépendants à justifier les variations du prix à la pompe.

Les détaillants pourraient aussi avoir à afficher le prix minimum fixé par la Régie de l'énergie, de même que les diverses composantes du prix de l'essence.

Pour l'instant, donc, pas question pour Québec d'imiter ses voisins des Maritimes. Le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard, ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador, établissent tous un prix maximal que les détaillants ne peuvent excéder sous peine d'une amende gouvernementale.

Instauré depuis six ans à Terre-Neuve et depuis un an au Nouveau-Brunswick, le prix maximum n'a jamais été dépassé, selon les Commissions responsables dans les deux provinces.

À Terre-Neuve, le Gas Price Regulation Bill était adopté en 2001 pour rétablir la confiance des consommateurs en stabilisant les fluctuations, selon le ministre des Mines et de l'Énergie de l'époque, Lloyd Matthews. Dans cette province, aucun prix minimum n'est établi.

Le ministère des Services gouvernementaux de Terre-Neuve confirme que la plupart des détaillants affichent le prix maximal, ce qui est le cas pour tous les endroits où un prix plafond est imposé, remarque l'économiste Jean-Thomas Bernard.

Au Nouveau-Brunswick, une étude indépendante commandée par le gouvernement conclut que les consommateurs paient en moyenne de un à deux sous de plus par litre dans une année, comme le rappelle le vice-président pour la division de l'Est de l'Institut canadien des produits pétroliers (ICPP), Carol Montreuil.

Le libre-marché assure les meilleurs prix sur une année, selon M. Montreuil, puisque les consommateurs peuvent profiter des fluctuations à la baisse.

La réglementation, «c'est comme de se payer de l'assurance, on paie plus cher mais on est assuré d'avoir des prix plus stables», explique M. Bernard. Il rappelle que les Maritimes changent leur prix plafond aux deux semaines.

Au Québec

Ressources naturelles Canada (RNCan) considère que le Québec impose aussi une réglementation même si seul le prix minimum estimé est publié par la Régie.

Aucun organisme ne punit les détaillants qui affichent un prix trop bas.

Les compétiteurs font des mises en demeure contre leurs concurrents qui vendent à perte, soit en bas du prix plancher affiché par la Régie, ce qui peut mener à des poursuites judiciaires entre détaillants.

«Ce système fonctionne assez bien, même s'il pourrait être amélioré», estime Sonia Marcotte, de l'Association québécoise des indépendants du pétrole.

Du côté de l'ICPP, Carol Montreuil considère que cette réglementation permet à des stations inefficaces de subsister.

Sur son site internet, RNCan constate qu'au Québec et dans les Maritimes, «éliminer la concurrence par la réglementation stabilise les prix mais n'entraîne pas de réduction des prix de détail».

L'économiste Jean-Thomas Bernard renchérit : il croit que les prix sont même plus élevés lorsqu'ils sont réglementés, comme pour Hydro-Québec, la téléphonie et les chemins de fer à une époque plus lointaine.

Mardi, le relevé quotidien de la Régie de l'énergie indiquait qu'à Québec et à Montréal, les prix moyens de l'essence ordinaire étaient respectivement de 111,9 ¢ et de 101,9 ¢.