La pénurie de main-d'oeuvre préoccupe tellement les PME québécoises de l'aérospatiale que l'une d'elle a décidé de recruter en Inde.

La pénurie de main-d'oeuvre préoccupe tellement les PME québécoises de l'aérospatiale que l'une d'elle a décidé de recruter en Inde.

«Chez Alta Précision, on est à 35 ou 40% de capacité, déclare Giovanni Bevilacqua, directeur ddu développement des affaire à JSR2 Aérospatiale, un consortium de PME québécoises qui comprend Alta Précision, Leesta Industries, Air Terre et Mesotech. On ne peut pas produire plus à cause de la pénurie de main-d'oeuvre.»

Alta Précision se spécialise dans l'usinage de pièces. Mais en raison du manque d'employés, elle ne peut faire fonctionner que 10 de ses 25 machines-outils à commande numérique.

L'entreprise peut compter sur un certain nombre de jeunes employés, mais elle a besoin de machinistes d'expérience pour faire des premières pièces. M. Bevilacqua croit avoir trouvé la solution en Inde.

«J'ai établi des contacts personnels en Inde et j'ai fait passer des entrevues par webcam, raconte-t-il. J'ai engagé deux personnes pour des contrats de trois ans.»

Il espère que ces personnes, qui arrivent avec leur famille, resteront au pays et deviendront citoyens canadiens.

«C'est un test, déclare-t-il. Si ça marche, nous irons chercher une cinquantaine de personnes pour tout le groupe.»

Il n'est toutefois pas question de se limiter à l'Inde. L'arrivée ethnique

pourrait causer certaines difficultés. Le consortium participera donc à une mission en Roumanie avec le CAMAQ, le Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale.

M. Bevilacqua indique que la question de la pénurie de la main-d'oeuvre est particulièrement aiguë pour les PME.

«Les jeunes qui sortent des écoles d'aéronautique se font prendre par les gros donneurs d'ouvrage, soupire-t-il. Il ne reste rien pour les PME, qui, en plus, se font prendre leurs employés par ces grosses entreprises.»

En outre, depuis septembre 2001, les effectifs ont fondu dans les écoles d'aéronautique. À l'École nationale d'aérotechnique du collège Édouard Montpetit, on est passé de 1500 à 500 élèves en quelques mois. L'année prochaine, l'école devrait accueillir 600 élèves, mais il y a de la place pour bien plus.

«Malheureusement, au Québec, il y a moins de 50% des garçons de cinquième secondaire qui s'inscrivent au cégep», déplore Serge Brasset, président du collège Édouard-Montpetit. Les PME ne peuvent pas non plus compter sur les employés mis à pied par Bombardier. »Ce ne sont pas de bons candidats pour nous parce que, dès qu'ils en ont l'occasion, ils retournent chez Bombardier, explique M. Bevilacqua. Va-t-on investir un à deux ans sur eux?»

Au salon aéronautique du Bourget, le gouvernement du Québec, l'École nationale d'aérotechnique et Bombardier ont organisé une petite séance d'information pour les étudiants et les travailleurs français intéressés à faire le saut au Québec.

M. Bevilacqua ne croit pas que cette initiative vienne en aide aux PME québécoises. «Les travailleurs français sont bien payés, ils ne sont pas attiré par le Canada, soutient-il. En Inde, les travailleurs sont moins bien payés. Pour eux, c'est une chance de venir au Canada.»

Effectivement, l'activité de formation au Bourget n'a pas attiré les foules. Il s'est quand même présenté quelques jeunes travailleurs qui ont le goût de l'aventure et qui sont venus chercher des renseignements. Marc Gingras, de l'usine de Bombardier à Saint-Laurent, est même reparti avec des curriculum vitae sous le bras.

Toutefois, la plupart des personnes qui ont fait un tour au stand du Québec pendant l'activité se sont montrées plus intéressées par les sacs offerts par Bombardier et par les bonbons au sirop d'érable distribués par le gouvernement du Québec que par les possibilités d'emploi.