Il n'y a pas que des titres de ressources naturelles à la Bourse de Toronto.

Il n'y a pas que des titres de ressources naturelles à la Bourse de Toronto.

«C'est un secteur qui a très bien fait mais qui arrive à la fin des bonnes nouvelles», pense Stephen Gauthier, associé à la firme de placement Gauthier & Cie.

Le gestionnaire rappelle que les producteurs de métaux sont des entreprises cycliques qui profitent d'un «boom incroyable» de la demande mondiale.

«Mais un boom ça ne dure pas éternellement et les prix des métaux semblent avoir plafonné», ajoute-t-il.

Dans ce cas, où investir?

«Tant qu'à prendre des risques», dit-il, mieux vaut y aller avec Rogers Communications [[|ticker sym='T.RCI.B'|]], un géant canadien des télécommunications et des médias (stations de radio, télés spécialisées, L'actualité, Châtelaine, Chocolat) qui est aussi sur sa lancée mais dont le potentiel reste prometteur.

M. Gauthier rappelle que le profil financier du premier câblodistributeur et fournisseur de téléphonie sans fil au pays a beaucoup changé au cours des dernières années.

«Il y a 10 ans, certains craignaient qu'elle ne soit jamais profitable, dit-il. Mais depuis deux ans, la société est extrêmement rentable et elle a assaini son bilan.»

Lourdement endettée à la fin des années 90, en raison d'importantes dépenses liées à la mise en place du réseau de communications, l'industrie des télécoms a repris du mieux au fur et à mesure de l'arrivée des abonnés.

La dette de Rogers, qui s'élevait à 8,3 milliards de dollars en 2004, s'établira à quelques 6 milliards cette année, selon l'évaluation de Stephen Gauthier.

«L'entreeprise est profitable, ses flux monétaires sont élevés et sa cote de crédit s'est améliorée, constate-t-il. Tout cela lui permet d'abaisser sa dette.»

La bonne tenue de l'entreprise fait en sorte qu'elle dégage maintenant des flux monétaires (cash flow) positifs. M. Gauthier prévoit qu'ils seront de 1 milliard cette année et de 1,5 milliard l'an prochain.

«Ça pourrait être encore plus parce que la majorité de ses dépenses en capital, qui servent à augmenter la taille de son réseau, se font en dollars américains, dit-il. Étant donné la force de la devise canadienne, ces frais coûtent de moins en moins cher.»

La performance de Rogers, qui a vu son titre tripler en moins de trois ans, s'explique en grande partie par ses activités de téléphonie sans fil.

Au premier trimestre, la marge du bénéfice d'exploitation (BAIIA) dans ce créneau était de 49% par rapport à 42% pour la même période l'an dernier. Pour l'ensemble de l'entreprise, cette marge était de 32% en 2006.

L'an dernier seulement, Rogers a ajouté 600 000 nouveaux abonnés à son service de téléphonie cellulaire, pour un total de 6,8 millions d'usagers.

Pour l'exercice en cours, elle pourrait en faire tout autant, estime le gestionnaire.

«Toutefois, cette croissance ralentira au fil du temps, précise-t-il. Cela est d'autant plus vrai que la concurrence est de plus en plus forte dans ce créneau.»

D'une part, les géants des télécoms, comme BCE, font de plus grands efforts pour prendre des parts de marché.

Ensuite, des câblodistributeurs, comme Vidéotron (Quebecor), veulent prendre leur place dans le monde des cellulaires.

Selon Stephen Gauthier, le principal défi de Rogers sera de faire croître sa clientèle tout en augmentant ses revenus générés par abonné, grâce à son bouquet de services incluant la musique sur les cellulaires et la transmission de données (avec le BlackBerry).

D'ici la fin de l'année, le gestionnaire s'attend à voir le prix de l'action toucher 50$ (et 52$ d'ici 12 mois).

Il s'agit d'un gain potentiel de 15% par rapport au cours actuel, sans compter le rendement du dividende de 1,1% (50 cents l'action par année).

Selon Bloomberg, 16 analystes recommandent l'achat du titre, un propose de le conserver et un suggère de le vendre. Leur cours cible moyen est de 49,35$ d'ici un an.