Après avoir pigé des millions dans les fonds communs, il ne restait à Norbourg qu'à maquiller ses rapports annuels afin de présenter un beau visage aux investisseurs, le tout avec une gestion «selon le modèle de Norbourg».

Après avoir pigé des millions dans les fonds communs, il ne restait à Norbourg qu'à maquiller ses rapports annuels afin de présenter un beau visage aux investisseurs, le tout avec une gestion «selon le modèle de Norbourg».

En faisant l'étude des rapports annuels et états financiers des fonds Norbourg et Evolution au procès pénal de vendredi, le juricomptable François Filion a établi des comparaisons. Il s'est attardé à la valeur affichée des fonds communs dans les rapports annuels et la valeur réelle dans les livres du gardien de valeurs Northern Trust.

Le premier exemple étudié était le rapport de l'année financière 2004 pour la famille des fonds Norbourg.

M. Lacroix y signait un commentaire aux investisseurs avec le titre «Grandir ensemble», qui n'est pas sans ressembler à un slogan électoral.

Toutefois, le commentaire pour le rapport des fonds Evolution était le plus intéressant.

Revenant sur l'intégration notamment d'Evolution et d'Investissements Spa et de Services Financiers, le PDG écrivait que «le tout s'est effectué en douceur et dans les règles de l'art selon le modèle de Norbourg. Au terme de cette opération, nous sommes heureux que tous les partenaires se sentent à l'aise avec la culture corporative de Norbourg.»

Ironie du sort, M. Lacroix et certains de ses collaborateurs allaient commencer à effectuer des retraits dans les fonds achetés...

Des écarts imposants

Dans le rapport annuel des fonds Norbourg de 2004, l'entreprise de M. Lacroix prétendait que l'actif sous gestion des fonds était de plus de 78,2 M$. En réalité, Northern Trust calculait que 23,2 M$ étaient encore dans ses coffres. Ce sont donc 47 M$ qui échappaient à ceux détenant des parts.

Ce ne sont toutefois pas tous les fonds de la famille Norbourg qui étaient touchés par les retraits à cette époque. Les transactions irrégulières paraissaient surtout sur les soldes des fonds Placements équilibrés, Actions situations spéciales et Débentures convertibles.

Pour chacun de ces trois fonds, des écarts d'au moins 12 M$ existaient entre la valeur déclarée aux investisseurs et la valeur réelle chez Northern Trust.

Chez Evolution, le portrait était similaire.

Par exemple, le fonds «Actions canadiennes - valeur» affichait une valeur de 10,9 M$ dans le rapport annuel 2004 mais chez Northern Trust, il ne restait que 371 000 $.

Pour expliquer de tels écarts, François Filion a dit que David Simoneau (cousin de M. Lacroix) et l'employé Félicien Souka manipulaient quotidiennement les chiffres qui alimentaient leur système informatique à l'interne afin de camoufler les retraits.

Et au quotidien, les fonds ne détenaient souvent pas les actions que Norbourg prétendait avoir mis dans les portefeuilles communs des investisseurs. À cette fin, il fallait «créer» des transactions sur les titres pour simuler de l'activité.

Dans certains cas, les fonds ne détenaient que de maigres encaisses en dollars canadiens et américains.