La retraite à 50 ans. Liberté 50, quoi. Et c'est cette année que ça se passe.

La retraite à 50 ans. Liberté 50, quoi. Et c'est cette année que ça se passe.

L'objectif était planifié de très longue date.

«Je n'ai jamais eu l'intention de devenir riche mais plutôt de profiter de la vie raisonnablement, explique Serge. Dans ce but, depuis plus de 30 ans, je prépare ma sortie du monde du travail. Je vais avoir 50 ans cette année et j'aimerais savoir si je suis assez fortuné pour prendre une retraite normale et confortable.»

L'homme de 50 ans touche présentement un salaire de 60 000 $ mais a longtemps possédé une petite entreprise. Âgée de 51 ans, sa conjointe, qui travaille à temps partiel, gagne 15 000 $ par année.

Alignons maintenant les actifs.

Le couple détient une maison d'une valeur approximative de 230 000 $. Payée.

Il possède une voiture modèle 2003 et une camionnette modèle 1996. Payées.

La camionnette sert à tracter une semi-caravane modèle 2003, d'une valeur de 53 000 $, achetée pour sillonner le continent pendant la retraite.

Payée aussi.

Les deux conjoints ont réussi à épargner 172 000 $ en REER.

Ils possèdent encore des placements non enregistrés de 480 000 $.

En fait, leur seule dette est un emprunt de 50 000 $ contracté pour fin d'investissement, dont ils ne remboursent que les intérêts.

Ils ont trouvé le temps d'élever deux enfants, «instruits, diplôme en poche», précise Serge.

Un doute de dernière minute

Serge et Monique sont prêts à plonger dans la retraite, mais une dernière hésitation, un dernier scrupule les retiennent: «Ça prend combien d'argent, finalement, pour avoir une retraite normale et confortable?»

Bonne question.

C'est d'ailleurs la première à se poser.

«Il faut comprendre que cela varie considérablement d'un individu à l'autre et que c'est très relatif au style de vie de chacun», énonce Chantal Hébert, planificatrice financière et représentante en épargne collective pour le Fonds d'investissement Royal.

Pour les aider à préciser leurs besoins, elle a utilisé une trousse de fiches qui leur a permis de chiffrer les différentes facettes de leur retraite.

Avec son aide, le couple a pu préciser que leur projet de voyage annuel de trois mois coûterait environ 3000 $. Ils ont ainsi fixé un train de vie de 40 000 $ par année.

Combien tireront-ils en revenus de retraite? Ni Serge ni Monique ne possèdent de régime de retraite complémentaire. Ils ne pourront compter sur les régimes publics qu'à partir de 60 ans pour la RRQ et de 65 ans pour la pension de la Sécurité de la vieillesse.

Dans le long intervalle de 10 ans qui les en sépare, leurs épargnes seront leurs uniques sources de revenus.

Dans la projection de revenus, Serge et Monique ont insisté pour utiliser une espérance de vie de 80 ans, même si «normalement, on utilise au moins 85 ans», observe Chantal Hébert.

La planificatrice a supposé un rendement de 7,5 % et un taux d'inflation de 3 %.

Dans ces conditions, son analyse montre que notre couple est en mesure de soutenir des dépenses de 42 000 $ par année. «L'atteinte de leur plan de retraite est donc réalisable», conclut-elle.

Dans ces conditions, cependant, leur capital sera épuisé à 80 ans. «Pour contrer le manque de liquidités qui pourrait survenir après l'âge de 80 ans, commente la planificatrice, ils devront envisager de vendre leur propriété.»

Voilà pour le grand panorama.

Reste à peaufiner les détails.

Serge et Monique posent à cet égard une série de questions.

Dernières précautions

Devraient-ils décaisser en premier lieu leurs REER ou leurs placements non enregistrés?

«Je suggère de décaisser d'abord les placements hors REER, ce qui minimisera les impôts, et de conserver les REER jusqu'à l'âge de 69 ans afin de bénéficier de la croissance à l'abri du fisc», avise Chantal Hébert. Elle assortit cette recommandation d'une réévaluation annuelle en cas de modification des règles fiscales.

Le couple devrait-il rembourser immédiatement son unique dette, contractée pour investir? Cette dette trouverait avantage à être étalée le plus longtemps possible, car les intérêts sont normalement déductibles, observe Mme Hébert.

Toutefois, cette stratégie gêne Serge et Monique, notamment parce que le prêt n'est pas couvert par une assurance vie. La planificatrice a donc proposé une échéance de remboursement de 10 ans, ce qui entraîne des mensualités de 400 $. Cette dépense a été prise en considération dans son analyse.

Les deux conjoints s'inquiètent du seuil de revenu où la pension de la Sécurité de la sécurité doit commencer à être remboursée. Ils peuvent être rassurés: en 2007, le revenu net (après déductions mais avant impôt) doit excéder 63 511 $.

Enfin, dernière interrogation, le couple possède une assurance vie de 150 000 $. Serait-il plus avantageux de racheter la police et d'investir la valeur de rachat de 31 000 $?

Avec un rendement de 7,5 % (environ 5,5 % après impôt), ces 31 000 $ vaudraient quelque 150 000 $ dans 30 ans. «Pour égaler l'assurance vie, il faudrait que les deux vivent au moins jusqu'à 80 ans.», conclut Mme Hébert. «Mieux vaut conserver la police.»

Pour la retraite, la route est dégagée...