«C'est de la merde!» Comme les autres commerçants du boulevard Saint-Laurent, Barbara Daubin n'en peut plus de ses nouveaux voisins: les grues, les pics et les bouts de tuyaux qui se retrouveront éventuellement sous terre.

«C'est de la merde!» Comme les autres commerçants du boulevard Saint-Laurent, Barbara Daubin n'en peut plus de ses nouveaux voisins: les grues, les pics et les bouts de tuyaux qui se retrouveront éventuellement sous terre.

Depuis le mois de novembre, la Ville de Montréal a entrepris des travaux sur le tronçon le plus fréquenté de cette artère commerciale.

«La construction nous rend la vie impossible, dit Mme Daubin, gérante de la boutique de vêtements féminins Scandale. Notre chiffre d'affaires a diminué entre 20 % à 30%. Les passants qui flânaient dans la rue regardaient nos vêtements et décidaient d'entrer. Maintenant, la rue est devenue un parcours du combattant. Les gens avancent comme ils le peuvent, en regardant droit devant eux.»

Moins de touristes

Les restaurants du boulevard Saint-Laurent, l'une des artères les plus fréquentées de Montréal, n'ont pas été épargnés eux non plus.

«Nous sommes dans une rue où les commerçants comptent beaucoup sur les passants, dit le chef Yves Therrien, du restaurant Maestro S.V.P. Il y a moins de touristes, qui préfèrent d'autres rues plus attrayantes le temps des travaux.»

S'il n'y avait que les touristes... soupire Pascale Rouyé, copropriétaire du restaurant La Porte, spécialisé en gastronomie du terroir.

«Les travaux sont une catastrophe, dit-elle. Déjà qu'il n'est pas facile de se stationner sur le boulevard Saint-Laurent, imaginez avec les travaux. Des clients nous appellent parfois pour annuler leur réservation parce qu'ils n'ont pas pu trouver de stationnement après avoir cherché pendant 30 minutes!»

Le chef Yves Therrien fait un effort pour voir le verre d'eau à moitié plein. «Actuellement, c'est la saison morte dans notre industrie, dit-il. Ça va recommencer en juin avec la braderie et le Grand Prix de Formule 1, qui sont le coup d'envoi de notre saison touristique. Les dégâts ne sont pas trop grands pour le moment.»

Ce n'est pas l'avis des employés de la boutique de vêtements de surf Océan, déserte lors du passage de La Presse Affaires la semaine dernière.

«Nos ventes ont diminué de 80 % à 90 % durant les travaux malgré nos rabais et l'arrivée des nouvelles collections, dit Michaël Bonneau. Nous n'avons presque jamais de clients. Quand un client arrive, nous sommes deux pour lui répondre. Heureusement que nous avons deux autres boutiques, rue Saint-Denis et rue Sainte-Catherine. Quand il leur manque des grandeurs, les vendeurs leur disent de venir les chercher chez nous au lieu de faire un transfert entre magasins.»

Au moins, les grues observeront une trêve en juin pendant les festivités du Grand Prix de Formule 1, se disent les commerçants.

«À la demande des commerçants, la durée des travaux a été réduite de 22 à 13 mois, dit André Lazure, porte-parole de la Ville de Montréal. Ça signifie toutefois qu'il faut travailler autrement. Dans le tronçon entre Sherbrooke et Mont-Royal, il faut refaire tous les conduits souterrains: l'eau, une partie des égouts, les fils électriques et les fils téléphoniques. Les trottoirs seront élargis et les deux voies seront rétrécies à la fin des travaux.»

Les travaux, qui ont commencé en novembre dernier, doivent se terminer en décembre prochain. Ils coûteront 31 millions de dollars, dont 25 millions pour le tronçon entre la rue Sherbrooke et l'avenue Mont-Royal, la partie la plus fréquentée du boulevard Saint-Laurent.