Oubliez l'or, les diamants et l'uranium. Cette année, c'est une ressource encore plus rare et précieuse qui monopolise les discussions au congrès de l'Institut canadien des mines: la main-d'oeuvre.

Oubliez l'or, les diamants et l'uranium. Cette année, c'est une ressource encore plus rare et précieuse qui monopolise les discussions au congrès de l'Institut canadien des mines: la main-d'oeuvre.

Et c'est du côté des travailleurs forestiers et des femmes qu'on se tourne pour régler la pénurie qui frappe partout au pays.

Il fallait entendre hier Paul Hébert énumérer ses stratégies pour attirer les travailleurs pour comprendre à quel point l'industrie est préoccupée.

L'homme est directeur du Conseil des ressources humaines de l'industrie minière, un organisme qui a reçu 2,5 millions de dollars du gouvernement en mars pour attirer et retenir les travailleurs dans l'industrie.

«La bonne nouvelle, c'est qu'il y a beaucoup de travailleurs qualifiés sur cette planète, a-t-il dit hier au cours d'une allocution dans le cadre du congrès qui se tient à Montréal. La mauvaise, c'est qu'il y a d'autres endroits au monde qui en ont besoin: Dubaï, les États-Unis, l'Australie, l'Irlande. Et que tous ces endroits sont plus chauds que le Canada.»

Deux événements frappent simultanément l'industrie minière. D'abord, ses travailleurs sont plus âgés que ceux des autres industries et se dirigent massivement vers la retraite.

En parallèle, le boom provoqué par la flambée des prix des métaux a fait exploser les besoins. Ajoutez à cela les années difficiles qui ont fait fuir les étudiants des programmes de génie minier à la fin des années 90 et vous avez la recette pour un casse-tête de taille.

Les chiffres officiels font état de 81 000 travailleurs à recruter au pays d'ici 10 ans dans l'industrie minière, dont 20 000 au Québec. M. Hébert pense que les besoins sont encore plus criants.

«Ces chiffres sont basés sur une croissance de 3 %. Or, entre 2003 et 2006, les besoins de main-d'oeuvre ont augmenté de près du double», a-t-il dit. Et les sables bitumineux de l'Alberta livrent une féroce concurrence à la course aux travailleurs.

Comme tout le monde, M. Hébert lit les journaux. Et il n'a pas manqué de voir que d'autres industries connaissent un problème inverse au sien. Le secteur de la forêt a généré 40 000 licenciements au cours des quatre dernières années au Canada.

Selon M. Hébert, ces travailleurs sont les plus susceptibles de faire le saut vers l'industrie minière. Les qualifications demandées sont similaires, la structure d'âge des travailleurs aussi. Et l'emplacement géographique concorde.

Son plan: entamer des discussions avec les entreprises forestières, les syndicats et les communautés pour voir comment pourrait s'effectuer un transfert des travailleurs.

«Il ne faut pas attendre les mises à pied», a-t-il insisté, arguant que les meilleurs travailleurs sont recrutés très rapidement. Le secteur manufacturier et l'industrie chimique sont aussi dans sa mire.

Quelques heures plus tard, dans une autre salle, une nouvelle offensive se déployait, cette fois pour convaincre les femmes de faire le saut. Pour ça, huit femmes qui ont fait carrière dans l'industrie minière ont partagé leur expérience avec le public.

«Je n'aime pas insister sur les différences hommes-femmes, a dit d'emblée Carol Plummer, directrice de mine chez Agnico-Eagle. La raison pour laquelle je suis ici, c'est que la pénurie qui frappe l'industrie est très grave. Et ne pas viser les femmes, c'est oublier 50 % de la population.»

Qu'elles soient gestionnaires ou conductrices de machinerie lourde, elles voulaient livrer un message: les femmes ont leur place dans cette industrie.

De la jeune Mélanie Côté, qui travaille dans le nord du Québec à la mine Raglan, à Heather White, qui s'est retrouvée à Hong Kong comme directrice des ventes de CVRD-Inco, elles ont voulu montrer que les possibilités sont extrêmement diverses.

Sont-elles les bienvenues dans le monde minier? «Je n'ai jamais eu de vrais problèmes depuis que j'ai commencé à y travailler en 1985, a dit Mme Plummer. Oui, ça arrive qu'on tombe sur des idiots. Mais on en croise aussi chez Wal-Mart.»