Le président d'une entreprise américaine qui a acheté 27 hebdomadaires d'Hollinger International a admis, lundi, que les 2 M$ US versés à une société de portefeuille contrôlée par Conrad Black lui ont valu «une certaine protection juridique».

Le président d'une entreprise américaine qui a acheté 27 hebdomadaires d'Hollinger International a admis, lundi, que les 2 M$ US versés à une société de portefeuille contrôlée par Conrad Black lui ont valu «une certaine protection juridique».

Mais David Paxton, le président et chef de la direction du Paxton Media Group, a précisé que l'arrangement de non-concurrence signé avec Hollinger Inc. - la société torontoise par laquelle Black détenait une participation de 35 % dans Hollinger International - n'avait que peu de valeur, d'un point de vue affaires.

La poursuite fait valoir que ces paiements de non-concurrence ont essentiellement été utilisés par Black pour détourner des millions de dollars.

M. Paxton, dont le témoignage entrepris la semaine dernière s'est poursuivi lundi, a expliqué qu'au moment d'acheter les hebdomadaires de Hollinger International pour 59 M$ US, il a cherché à s'assurer que l'entreprise ne reviendrait pas immédiatement lui faire compétition dans ces mêmes marchés.

Contre-interrogé par les avocats de la défense, M. Paxton a précisé qu'il n'était pas intéressé à signer une entente de non-concurrence avec Hollinger Inc.

«Ajouter Hollinger Inc. à l'entente ne nous nuisait certainement pas, mais en tant qu'hommes d'affaires, nous ne croyions pas non plus que ça ajoutait quelque chose», a-t-il dit.

Me Ronald Safer, qui représente Mark Kipnis, un des co-accusés de Black, l'a ensuite relancé au sujet d'un témoignage précédent, devant un grand jury, pendant lequel il avait déclaré: «J'étais heureux d'inclure Hollinger Inc. parce que ça nous offrait une protection supplémentaire sans frais additionnels.»

«Avez-vous dit ça?», lui a demandé Me Safer.

«Oui», a dit M. Paxton, avant d'ajouter, «ça peut nous avoir offert une certaine protection juridique.»

Il a ensuite réitéré qu'il ne voyait aucun avantage d'affaires à avoir une entente de non-concurrence avec Hollinger Inc.

Au coeur des accusations contre Black se trouvent des ententes de non-concurrence conclues dans le cadre de la vente de centaines d'hebdomadaires aux États-Unis et au Canada.

Si la majorité des acheteurs étaient heureux de payer pour s'assurer que Hollinger International ne reviendrait pas leur faire concurrence, aucun n'a encore dit avoir réclamé des promesses similaires de la part de Hollinger Inc.

La poursuite estime que les paiements de non-concurrence, qui sont exempts d'impôts au Canada, auraient dû être versés directement aux actionnaires de Hollinger.

Et en vertu d'une entente avec ses banquiers, Black était contraint d'utiliser le fruit des ventes de ces hebdomadaires pour rembourser une dette de plus de 600 M$ US qui pesait sur l'empire Hollinger. Les paiements de non-concurrence échappaient toutefois à cette contrainte.