Sans le savoir, bien des futurs retraités sont touchés par la crise de liquidité sur le marché du crédit. C'est qu'un grand nombre de caisses de retraite ont du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) dans leurs coffres.

Sans le savoir, bien des futurs retraités sont touchés par la crise de liquidité sur le marché du crédit. C'est qu'un grand nombre de caisses de retraite ont du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) dans leurs coffres.

En fait, près de 20% des régimes de retraite au Canada détiennent de ces titres en manque de liquidité, selon un sondage éclair mené par la firme de services-conseils en régime de retraite Morneau Sobeco. L'échantillon était composé de 80 régimes au pays.

L'enquête révèle que 4% des régimes détiennent directement du PCAA dans leur portefeuille, tandis que 14% en possèdent par l'entremise de fonds communs. Un autre répondant sur cinq ignore si ses actifs sont contaminés, d'une manière ou d'une autre, par le PCAA.

Un peu comme un bon du Trésor, le papier commercial est une obligation à court terme que les investisseurs utilisent pour investir leurs liquidités de façon très sécuritaire. Mais certains promoteurs ont structuré du papier commercial adossé à des actifs en constituant des portefeuilles avec toutes sortes de créances (cartes de crédit, prêts auto, hypothèques, etc.).

À cause de la débâcle des hypothèques à risque aux États-Unis, la demande pour ce type de papier commercial s'est évaporée en août dernier. Faute de nouveaux acheteurs, les investisseurs qui détenaient du PCAA sont restés coincés avec leurs titres.

Le marché des PCAA s'élève à 100 milliards de dollars au Canada. Mais seuls les titres émis par des institutions non bancaires, comme Coventree, sont en crise. Cela représente environ 35 milliards.

Un comité d'investisseurs institutionnels, mis en place à l'initiative de la Caisse de dépôt et placement du Québec, un grand acheteur de PCAA non bancaire, tente présentement de sauver ces produits. Le but est de convertir les titres à court terme en obligations à plus long terme (voir autre texte).

Même si les titres perdent une partie de leur valeur dans cette métamorphose, il est peu problable que cela fasse un trou monstre dans l'actif d'une caisse de retraite. Le PCAA fait partie des titres de marchés monétaires, une catégorie qui ne dépasse pas 4% de l'actif des caisses de retraite, en moyenne, note Morneau Sobeco.

En attendant que le ménage soit terminé, un moratoire a été décrété sur les transactions, pour éviter que la valeur des titres ne dégringole. Ce moratoire vient d'être prolongé jusqu'à la mi-décembre.

«Pour la grosse majorité des régimes de retraite, ça ne change rien. Ils n'ont pas besoin de liquidité immédiatement», rassure Jean Bergeron, directeur du Group-conseil en gestion d'actifs au bureau montréalais de Morneau Sobeco.

Il convient que les régimes plus à maturité, qui existent depuis plusieurs décennies, ont moins de marge de manoeuvre. Les montants qu'ils doivent verser sont plus importants que les cotisations qu'ils reçoivent. Mais ils ont des solutions de rechange, comme vendre d'autres titres pour dégager des liquidités.

Mais d'autres régimes sont carrément coincés. Les régimes qui sont en cours de liquidation totale ou partielle (parce qu'une usine ferme, par exemple, et qu'on doit acheter des rentes pour les employés) sont présentement incapables de procéder.

«Nous avons deux ou trois cas en ce moment», affirme M. Bergeron.

Même si le PCAA ne représente qu'une faible portion de leur actif total, le moratoire bloque le processus de liquidation. Il pourrait éventuellement entraîner des délais dans le versement de rente à certains employés.