L'expression est tombée comme une tonne de briques sur la tête de Vincent Lacroix mardi après-midi au palais de justice de Montréal: un témoin-expert qualifie ce qu'il a fait avec les fonds des investisseurs de blanchiment d'argent.

L'expression est tombée comme une tonne de briques sur la tête de Vincent Lacroix mardi après-midi au palais de justice de Montréal: un témoin-expert qualifie ce qu'il a fait avec les fonds des investisseurs de blanchiment d'argent.

C'est Guylaine Leclerc, présidente de Leclerc Juricomptables, le cabinet qui a enquêté pour l'Autorité des marchés financiers dans l'affaire Norbourg, qui a lâché cette petite bombe sur le PDG déchu à son procès pénal en Cour du Québec.

Le procureur de l'AMF, Eric Downs, sollicitait son opinion sur ce que représentait le flux continuel d'argent pigé dans les poches des investisseurs à partir de l'an 2000 chez Norbourg.

Mme Leclerc a sauté sur l'occasion, jugeant la «multitude d'entrées et sorties» de fonds dans les comptes de sociétés «sans motifs valables» tels que la facturation de services ou le financement ponctuel.

«La procédure n'est pas du tout une pratique normale, a dit l'experte juricomptable. On peut financer une filiale qui va nous rembourser, mais pas produire un flux monétaire continu. C'est une stratégie pour cacher l'origine réelle des fonds.»

«C'est un processus de blanchiment d'argent [retiré des fonds confiés au gardien de valeurs Northern Trust], a martelé Mme Leclerc. Il fallait cacher cela avec une série de transactions bancaires, ce qui a été laborieux à suivre.»

La témoin en a rajouté, expliquant que sa firme a dû mettre sur pied des bases de données pour démêler le «système de blanchiment d'argent» de Norbourg.

Plus tôt lors du procès, François Filion, juricomptable de la firme Leclerc, a exposé longuement la thèse selon laquelle Vincent Lacroix a retiré 115 M$ et eu recours à un stratagème complexe comprenant 10 000 transactions bancaires. Le but recherché aurait été de simuler des revenus et faire des investissements avec les fonds des épargnants.

Afin de solidifier son affirmation, Guylaine Leclerc dit en avoir vu d'autres, ayant travaillé sur une centaine de dossiers de blanchiment depuis le début de sa carrière.

Selon elle, il faut que trois critères soient respectés avant d'utiliser l'expression. Premièrement, l'argent retiré doit être injecté dans les comptes de la compagnie. Après coup, les fonds doivent être étalés entre les comptes afin de brouiller la piste quant à leur provenance. Enfin, l'argent doit être renvoyé dans le système économique pour rendre son utilisation légitime.

Comme Norbourg n'aurait pas eu recours à des paradis fiscaux, «c'est un processus primaire» de blanchiment, selon Mme Leclerc.

Pendant que ses activités étaient qualifiées de blanchiment, Vincent Lacroix ne bronchait pas, se contentant de prendre des notes et de regarder Guylaine Leclerc témoigner.